La loi de la jungle
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Régnant du haut de son siècle d’existence sur l’imagerie de l’enfant-sauvage, bien plus encore que son homologue Mowgli, Tarzan se réincarna une myriade de fois sur grand écran. Plus rares en comparaison des live-action, ceux animés ne sont pas pour autant à négliger de par le rayonnement sans pareil des studios Disney, son 37e Classique d’animation valant son pesant de cacahuètes.
Dans la veine d’un Mulan bien accueilli, j’avais été transporté par sa découverte au cinéma, celui-ci renouant (en partie) avec l’esprit endiablé du Livre de la Jungle tout en capitalisant sur les dernières avancées techniques : une empreinte moderne qui déteint d’ailleurs beaucoup sur son atmosphère, Tarzan n’hésitant pas à faire de son héros un surfeur forestier intrépide et un gymnaste roi de la canopée.
Mais si potentiel il y avait, le film rend finalement une copie terne pour de multiples raisons : d’entre toutes, celle attenante à son originalité en berne se veut la plus générique, Lima, Buck et autres scénaristes échouant à faire de cette jungle un décor propice au tragique. La faute à son traitement hautement balisé de la différence, la défiance de Kerchak se justifiant de prime abord mais se voyant amoindrie par les choix d’une intrigue des plus arrangeantes, elle qui n’aura de cesse de s’enliser dans la facilité du comique cartoonesque (trop de glisse tue la glisse) et des sidekicks trop peu développés.
Certes, tout n’est pas pour autant à jeter, au contraire : Tarzan est à ce titre un divertissement honorable, qui à défaut de captiver propose de beaux instants de bravoure et autres élans de tensions rares mais délectables (le duel face à « Sabor le muet » cristallise à merveille la chose), tandis qu’il faut bien reconnaître que le coup de l’éléphant hypocondriaque fait diablement mouche (l’effet est d’ailleurs bien plus subtil que chez un certain Melman). À l’instar d’un Hercules trop peu sérieux vis-à-vis de ses fondations, gageons donc que l’ensemble n’est pas désagréable.
Mais dans la grande tradition des longs-métrages d’animation Disney, le récit ne parvient pas à se soustraire à l’appel de la romance téléphonée : si celle-ci peut paraître dispensable au premier coup d’œil, elle tient surtout un rôle prépondérant dans le dilemme identitaire de Tarzan, un peu trop peut-être même... m’enfin, compte tenu de la façon dont le film se conclue (c’est commode au possible), en attendre davantage aurait été vain. Finalement, le manque d’envergure criant d’un Clayton « gastonnien » n’illustre que trop bien les limites du tout, cet antagonisme sans nuance s’avérant pataud au point de saborder l’impact de séquences-clés (la reconnaissance finale de Kerchak).
À l’image d’une bande-originale à double tranchant (coller du Phil Collins partout vire peu à peu au redondant), Tarzan souffle donc le chaud et le froid : paradoxalement, il est indéniable que celui-ci sera parvenu à marquer les esprits en s’arrogeant, avec son style débridé, un imaginaire sauvage pas si facile à apprivoiser.
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Créée
le 21 févr. 2020
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