- Rita et moi nous cherchons un endroit appelé : la barrière du Moudia.
- Hahaha ! Rien que ça.
- Mon cher monsieur, peut-être voulez-vous aussi qu'on vous fasse visiter les cratères de la lune.
- Je ne sais pas pourquoi cela vous amuse, mais je vous assure que pour nous c'est extrêmement sérieux.
- En Afrique mademoiselle Parker, la chose la plus sérieuse est toujours le soleil de midi.
- Oh oui ! Il fait perdre la tête aux demoiselles et aux jeunes messieurs comme vous. Surtout lorsqu'ils n'ont pas l'habitude du soleil.
Cet épisode est celui du mensonge et de la tromperie à tous les niveaux, autant dans le sujet qu'il développe avec des personnages qui ne font tout du long que mentir pour mieux duper, que sur le plan de la réalisation avec une réutilisation honteuse de certaines scènes déjà parues dans le premier et deuxième film, que sur le coffret vendu : "la collection Tarzan", incluant 12 films dont : "Tarzan s'évade", qui est présenté comme le deuxième film alors qu'il n'est que le troisième.
Tarzan s'évade est un film bien décevant dans lequel il ne se passe pas grand-chose, on est bien loin du premier opus. L'intrigue pour ramener Tarzan et Jane à la civilisation via le cousin et la cousine de Jane, aidé par un guide peu scrupuleux voulant profiter de l'occasion pour capturer Tarzan ne fonctionne que moyennement, faute à un traitement médiocre des péripéties qui sont dans l'ensemble peu nombreuses et banales. Fâcheusement, beaucoup de fautes de goût sont à remonter avec un humour bien trop présent qui allège de nombreuses tensions. On retrouve la même technicité employée dans les autres opus avec un écran défilant en fond d'image servant de décor, qui ici m'a particulièrement agacé puisqu'on peut y voir une véritable exécution d'une lionne. J'espère qu'elle ne fut pas abattue spécialement pour le film. Le racisme est toujours autant présent, mais c'est l'époque qui veut ça. Cela a au moins l'ingéniosité de rendre le tout plus réel.
Les choix perturbant du cinéaste Richard Thorpe n'amènent rien de plus que de la confusion inutile, comme durant la stupide séquence où Rawlins aperçoit un étrange volatile que l'on devine aisément être un costume abject; des incohérences grossières comme le fait qu'il est précisé par Rita la cousine de Jane que Cheetah est une femelle alors qu'on voit pourtant bel et bien ses attributions de mâle; ou encore le pire qui traduit du manque de sérieux de cette réalisation, avec les scènes réutilisées du premier film "Tarzan l'homme-singe", avec la chasse du gnou, la poursuite de Cheetah par un lion, les déplacements de l'homme-singe dans les arbres, la destruction du camp ennemie de la tribu Gabonis par des éléphants, jusqu'au chant de guerre de ceux-ci qui est exactement le même que la tribu des nains dans le premier opus. Sachant que le deuxième opus : "Tarzan et sa compagne", est également victime de ce procédé avec l'affrontement de l'homme-singe contre un crocodile. Un foutage de gueule complet !
Beaucoup de choix incompréhensibles qui font de cette oeuvre un mauvais épisode des aventures de Tarzan. Heureusement, il y a quelques bonnes choses à retenir, comme la relation entre Tarzan et Jane qui dramatiquement est bien exploitée, avec le chapitre de la nage sous-marine amoureuse qui amène aux adieux, durant laquelle une prétendue scène de sexe est subtilement dépeinte. Bien que les vastes décors soient peu nombreux en comparaison de ce qui fut déjà fait, de nouveaux lieus sont présentés avec la grotte marécageuse (malheureusement peu explorée), ainsi que la demeure paradisiaque avec de nombreux gadgets de Tarzan et Jane. La séquence violente de la mise à mort par la dislocation des membres avec des arbres est une des rares situations faisant monter la tension, avec la captivité de Tarzan que l'on sait s'évadera car comme le nomme si bien le titre du film : "Tarzan s'évade". Tous ces points positifs sont insuffisants pour rehausser entièrement le niveau, mais permettent au moins de rendre le tout un peu plus digeste.
Johnny Weissmuller, le champion de natation dans le rôle Tarzan est toujours aussi convaincant. On a l'occasion de le voir beaucoup plus triste et sensible qu'à l'habitude, jusqu'à le voir pleurer. Le couple qu'il forme avec Jane Porter incarné par la plantureuse Maureen O'sullivan fonctionne toujours aussi bien. La comédienne qui se retrouve beaucoup plus vêtue à cause de l'application de la censure du code de production Hays, ne perd heureusement rien de son charme. Elle volerait presque la vedette à Tarzan. Le reste de la distribution est assez anecdotique. Benita Hume dans le rôle de la cousine Rita Parker, ainsi que William Henry dans celui du cousin Éric Parker sont d'une banalité affligeante. L'antagoniste John Fry incarné par John Buckler manque de relief, on ne connaît pas ses réelles motivations, ni pourquoi précisément il veut capturer Tarzan. Sa mort insignifiante en corrélation avec ce personnage nous prive d'un duel contre l'homme-singe qui aurait pu ajouter un peu de piment. Herbert Mundins sous les traits de Rawlins, est le comique relief du groupe. Amusant et attendrissant, la relation qu'il noue avec Jane et Tarzan est intéressante. Il est à regretter que sa mort passe totalement inaperçue au sein du groupe.
CONCLUSION :
Tarzan s'évade est un film moyen réalisé par Richard Thorpe qui présente un ensemble de mauvais choix, n'hésitant pas à employer des pratiques douteuses. Heureusement quelques bonnes idées permettent au long-métrage de garder un minimum la tête hors de l'eau, mais ce n'est pas très glorieux, ni prometteur.
Déception à la hauteur du spectacle présenté.