Les amies du tatami peuvent se révéler des ennemies. Qu'un film soit aujourd'hui coréalisé par un Israélien et une Iranienne tient du miracle, eu égard à la situation géopolitique et il est évident qu'une telle œuvre ne pourra être vue en Iran que par des voies illégales. Ce qui se trame dans Tatami est non seulement crédible mais a déjà eu lieu,sous une forme voisine, y compris récemment aux J.O de Paris, concernant un autre pays que l'Iran et une autre discipline que le judo. Tourné en grande partie dans un même lieu, un dojo, à l'occasion des championnats du monde de judo. Le film se distingue par son noir et blanc très travaillé et par son scénario haletant où sport et politique se mélangent en un cocktail explosif, au détriment de la liberté d'une athlète et de son entraîneuse. Le lien entre ces deux femmes, de générations différentes, est d'ailleurs l'un des grands points d'intérêt de cette histoire où la judokate est menacée d'Uchi-mata par les autorités de son pays. Le film est puissant et humain, mélodramatique dans le bon sens du terme, où le combat pour le dignité devient un enjeu crucial. Deux petits bémols pour chipoter quand même : les commentaires en voix off des reporters qui couvrent l'événement cèdent parfois au dithyrambique quand ils ne sont pas empreints de naïveté. On aurait pu s'en passer ou tout du moins les rendre moins présents. Enfin, 2 ou trois tours de la compétition sont en trop, si l'on souhaite se conformer à la réalité d'un championnat du monde de judo. Ce ne sont que des détails dans ce réquisitoire puissant contre un régime liberticide, parmi les plus honteux de la planète, et Dieu sait s'il y a de la concurrence en ce domaine.