Tatami est un film réalisé par un duo israélo-iranien qui porte à l'écran l'histoire d'une judokate, Leila HOSSEINI se battant pour pouvoir simplement pratiquer son sport lors de championnat du monde en Géorgie. Mais le gouvernement iranien intime l'ordre à Leila d'abandonner la compétition car il se peut qu'elle affronte en finale la judokate israélienne Shani LAVI, judokate qu'elle connais bien par ailleurs. Elle subira donc d'énormes pressions pour abandonner.
L'esthétique du film est intéressante puisque les réalisateurs ont choisi le format 4:3 pour raconter cette histoire. Ce format est parfaitement adéquate avec pour mettre en scène les personnages et les combats dans cette arène. La géométrie du 4:3 rappelant le carré du tatami où se meuvent, dans les deux plans, les combattantes. Le noir & blanc est beau et judicieux car il permet de mettre en lumière le tatami et d'absenter à l'image le public, laissant ainsi le focus sur les combattantes, au milieu de l'arène, renforçant la sensation de huis clos. Le public n'est que sonore. Le noir & blanc sied bien avec les kimono des judokate (blanc et bleu marine). Le format du film et le choix du sport est aussi très intéressant. On peut y voir une métaphore de l'oppression d'un gouvernement sur la population en l'occurrence les femmes en Iran. L'action se passe essentiellement dans le palais des sports de Tbilissi, un quasi huis clos et le judo est le sport où nous sommes littéralement en prise avec notre adversaire ; garde, mise au sol, prise, soumission, étranglement. Chaque adversaire que Leila affronte est un combat contre l'oppression qu'elle subit en tant que femme dans son pays. Plusieurs fois elle subira la soumission de son adversaire (étranglement) mais s'en sortira à chaque fois, se relèvera et gagnera le combat.
Je suis plus mitigé sur la mise en scène des combats. Tantôt, on ressent bien la violence et la tension lors d'un combat de judo tantôt, on perd un peu le fil de l'action par une caméra trop mouvante ou proche des protagoniste. Peut-être aurait-il fallu quelques plans larges pour équilibrer l'action des combats. Le judo n'est pas la boxe où un metteur scène peut s'inspirer de nombreux exemples fourmillant l'histoire du cinéma. Pour le judo, c'est déjà beaucoup plus rare. Peut-être est-ce plus dur de filmer un combat de judo et de boxe.
Sinon, globalement, la mise en scène est très bien avec notamment ce mouvement de caméra qui se répète plus fois dans le film. Lorsqu'on suit un personnage qui va au dojo d'entrainement. C'est toujours le même plan, on le suit dans le couloir, il descend quelques marches d'escalier puis tourne à droite pour renter dans le dojo. Cela renforce, je trouve, l'immersion du spectateur dans ce huis clos.
Le film est intéressant aussi sur comment deux femmes (Leila et son entraineuse) , ayant les mêmes problèmes (injonction à se retirer de la compétition) réagissent et gèrent ce conflit.
L'ironie du dénouement est que ni Leila et ni Shani, n'arriveront en finale et que le combat tant redouté par le gouvernement iranien n'aura pas lieu. Tout ça pour ça. L'absurdité pure.
La fin est est un peu convenue mais peut-être nécessaire. Cela n'enlève en rien la qualité de cette belle œuvre.