Les Billard,braves bourgeois parisiens,ont l'imprudence de recueillir chez eux une vieille tante , véritable saloperie qui va bien leur pourrir la vie.Et les choses vont empirer lorsqu'ils partent en vacances en confiant l'aïeule et leur appartement à une aide à domicile qui ne s'en laisse pas conter et s'oppose violemment à la tatie.Deux ans après le triomphe de son premier long-métrage,"La vie est un long fleuve tranquille",l'ex publicitaire Etienne Chatiliez réussit une autre comédie grinçante et politiquement incorrecte qui remet en cause l'image bonhomme et la réputation inoffensive traditionnellement attachée aux personnes âgées.C'est son habituelle complice de l'époque,Florence Quentin,qui signe le scénario et les dialogues décapants."Le temps ne fait rien à l'affaire,quand on est con,on est con",chantait Brassens,et quand on est méchant c'est pareil,l'âge n'adoucit nullement les caractères.Chatiliez dissèque avec une vicieuse jubilation le chemin de croix imposé par la vieille carne à sa trop gentille famille.Et Danielle exerce au maximum son pouvoir de nuisance tout en s'abritant derrière le respect qu'on voue aux anciens et la clémence avec laquelle on les considère.Fourbe,médisante,désagréable,elle éprouve un vrai plaisir à torturer son entourage,et elle ne connait guère de limites.Elle s'ingénie à foutre la merde,dans tous les sens du terme,et elle y parvient très bien.Le spectateur partage cette joie mauvaise dont les auteurs le rendent complice,tout comme il partagera la jouissance de voir la mégère punie à son tour par plus peau de vache qu'elle.Bien sûr il y a une tentative d'explication psychologique,qui fonctionne d'ailleurs plus ou moins,concernant l'attitude du personnage.Elle est vieille,elle est veuve,elle est malheureuse,la plupart de ses proches sont morts et la vie lui est pénible.Mais est-ce bien une raison pour se comporter de la sorte,surtout avec ceux qui ne cherchent qu'à l'aider et à lui faciliter la vie?Tous les vieux ne sont pas comme ça,et heureusement.Mais c'est clairement un choix scénaristique délibéré que de s'acharner à piétiner les bons sentiments.Il est vrai qu'elle n'a pas tout-à-fait tort,Tatie,ils sont vraiment très cons tous ces bourgeois confits dans leur gentillesse et incapables de voir ce qui se trame sous leurs yeux.Elle les méprise et ne se prendra d'affection que pour cette jeune zonarde qui lui tient tête et n'hésite pas à la maltraiter,car elle seule mérite son respect.C'est du reste un des problèmes de l'histoire,on a du mal à croire que ces gens puissent être aussi gentils et aveugles.Au-delà de ces bonnes mauvaises intentions,le film souffre des défauts inhérents au cinéma de Chatiliez,à savoir une langueur qui étire les développements en tirant au maximum sur l'excellent concept de départ.Du coup ça traîne un peu,ça devient répétitif,pour brusquement s'accélérer de manière elliptique vers la fin,dans une gestion maladroite des évènements.Il fallait une comédienne de standing pour incarner cette détestable héroïne,et Chatiliez l'a trouvée en la personne de Tsilla Chelton,surtout une théâtreuse qui fut même prof d'art dramatique,c'est elle qui a formé l'équipe du Splendid.Elle est géniale en mamie chafouine se réjouissant de ses mauvais coups tout en laissant parfois apparaître des failles dans l'armure.Elle est entourée d'acteurs moyennement connus qui font tous de belles prestations,d'une Catherine Jacob délicieusement évaporée en esthéticienne déstabilisée à une Isabelle Nanty drôlatique en jeune femme qui a visiblement connu des galères qui l'ont rendue brutale et maligne,en passant par un Eric Prat impeccable en gros naïf qui croit contrôler la situation.Les petits rôles sont notamment tenus par Neige Dolsky,émouvante en esclave dévouée de l'horrible Danielle,ou encore Karin Viard et la critique ciné Monique Pantel.Petites apparitions de deux participants à "La vie est un long fleuve tranquille",André Wilms et Patrick Bouchitey,alias monsieur Le Quesnoy et le curé chantant.