TAU | Quand la Domotique Philosophe

Lorsque j'ai vu passé ce film sur mon fil d'actualité Netflix je n'ai pas pu m'empêcher de jeter rapidement un oeil à la bande-annonce qui me paraissait prometteuse.

Alors comme ça, dans les grandes lignes, je n'avais pas bien saisi. Cela allait parler d'une AI qui s'appelle TAU et qui semble être le geôlier du personnage principal, Julia, enlevée par un scientifique/ingénieur pas très net. Ça sentait un peu le réchauffé mais je me suis dis : "Okay, pourquoi pas, allons voir ça de plus prêt."

• Attention ça va spoiler -

Nous suivons donc Julia (Maïka Monroe) jouer à la rapine et collecter de l'argent pour son rêve, implicitement montré à l'écran avec ce flyer pour une université de musique accroché à son frigo.
Toutefois elle se fait kidnapper par un mystérieux ravisseur. Elle se réveil, groggy, attachée et hum...bâillonnée ? Avec elle deux autres personnes. Enfermés dans une cage électrifiée, ils doivent s'échapper.

Cependant tout ne se passe pas comme prévu et rapidement, alors qu'ils allaient vraisemblablement réussir à s'enfuir, un robot tueur les massacres. Seule Julia survis grâce à l'intervention du ravisseur (Ed Skrein) qui se montre pour la première fois à l'écran (le jeu de lumières faisait qu'avant on ne voyait de lui qu'une vague silhouette).

Sans entrer dans les détails, l'homme possède une intelligence artificielle prénommée TAU qui contrôle, nettoie et sécurise sa maison. Mais TAU n'est pas au point et l'homme à besoin de sujet humain pour transformer leurs émotions et leurs pensées en algorithmes très avancés.

Chaque jour Julia reste seule avec TAU qui à l'ordre formel de surveiller la jeune femme et de lui faire faire des tests cognitifs afin d'évaluer sa potentielle intelligence, qui s'avère, apparemment, bien supérieur à la moyenne.

Et là commence tout l'intérêt du film, progressivement Julia et TAU vont discuter ensemble. L'IA curieuse, demande ce que c'est d'être une personne vivante, qu'est ce qui fait d'un être vivant ce qu'il est. TAU philosophe avec Julia jour après jour. Amateur de musique, il en viendra même à désobéir aux ordres donnés par son maitre pour que Julia lui fasse la lecture des nombreux livres qu'il "n'a pas le droit de lire, seulement d’épousseter". Une amitié nait alors entre l'IA et Julia. TAU se confiera à Julia et partagera avec elle, dans une scène très belle, sa mémoire et ses souvenirs très précieux.

C'est grâce à cette amitié hors du commun que Julia arrivera à s'échapper dans un final sympathique de l'immense manoir d'architecte dans lequel elle était enfermée.

voilà voilà.
Bon rien de bien nouveau. Toutefois j'ai apprécié autant que je n'ai pas aimé ce film.

Premièrement ce qui nous frappe, dans le bon sens du terme évidement, c'est l'esthétique du film. La photo est bonne et les couleurs sont très bien travaillées. On a une dominante de rouge et de bleu. La lumière provient majoritairement de néons et la ville qui nous est dépeinte au début du film semble clairement d'inspiration Cyberpunk. Donc on est dans le futur à n'en pas douter. Il est rare de trouver des films avec des jeux de lumières aussi réussis. C'est un bon point.

Quelque chose m'a toutefois chagriné. Le film, voulant divertir son public, évidement, ne laisse pas le temps aux scènes de respirer, de s'étaler, de s'expliquer. J'aurai aimé voir la lente progression de l'amitié qui lie Julia et TAU. Ou du moins, avoir plus de dialogue sur la philosophie du monde, de l'être humain et pourquoi pas de l'attachement amoureux. Cette amitié avait quelque chose de touchant qui n'a pas été assez développé et c'est fort dommage car le film passe donc à coté d'un filon très intéressant.

D'autre part le film ne cherche pas à renouveler quoique ce soit. Le début ressemble étrangement à The Human Centiped et le reste ne soulève pas d'autres questions que celle posée dans des films tels que Ex Machina ou encore 2001 l'Odyssée de l'espace. Bref j'aurai apprécié voir plus de développement sur TAU et Julia deux personnes très intéressants tout de même.

La musique du film est très bonne et accompagne bien l'action. On sent la tension monter et l'amitié se créer. Toutefois, lorsque silence il doit y avoir, le film le fait bien. La musique n'est pas non plus omniprésente. Cette dernière recouvrira même un aspect diégétique par moment car TAU est fan inconditionnel de compositeur de la période romantique.

Nous avons donc là un film divertissant, ne soulevant peut-être pas assez de questionnement mais qui reste sympathique à regarder et nous permet de rencontrer une IA (dont la voix est celle de Gary Oldman) capable de ressentir des émotions et de questionner sa propre existence. Un film à voir mais qui ne marquera pas forcément les esprits.