Mon premier visionnage de "Taxi Driver" commençait à dater sérieusement : à l'époque je n'avais pas forcément adoré, la faute à un manque de maturité et de culture ciné sans doute.
Cette fois-ci j'ai pu apprécier à sa juste valeur ce fascinant portrait d'un chauffeur de taxi désespérément seul, qui pète progressivement les plombs dans un New York en déliquescence.
Evidemment, Scorsese dessine en creux le portrait d'une Amérique désabusée, confrontée simultanément à la crise pétrolière, au traumatisme post Viêt-Nam et à la délinquance urbaine.
A travers le regard de ce vétéran solitaire et paumé en quête de rédemption, le réalisateur italo-américain nous montre une ville crasseuse et corrompue, même si le constat s'avère plus subtil et moins manichéen en définitive.
Formellement superbe (avec notamment une BO remarquable), "Taxi Driver" bénéficie en outre du formidable talent de Robert de Niro, exceptionnel de justesse dans un rôle pas évident, bien loin des parodies outrancières que son personnage aura suscitées bien malgré lui.
Face à l'immense de Niro, la très jeune Jodie Foster fait également forte impression, exceptionnelle de maturité et très émouvante.
Pour ma part, le seul (léger) bémol concerne la fusillade finale, assez étrangement conçue.
Quant à l'épilogue, j'y vois plus la rêverie idéalisée d'un mourant qu'autre chose, tant cet improbable happy end s'accorderait mal avec la tonalité générale du film.