Laborieux et faux...
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le 19 avr. 2015
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Taxi Téhéran n'est pas un chef d'oeuvre comme on peut le lire dans certaines critiques de presse, et l'Ours d'Or du dernier festival de Berlin ne doit pas son prix à la qualité cinématographique qui en ressort. Cette distinction arbore surtout une dimension politique, et place les projecteurs sur l'immense courage de son réalisateur: Jafar Panahi. Ce dernier, dans le viseur des autorités iraniennes depuis 2010 et son incarcération suite aux manifestations qui ont suivi la réélection de Mahmoud Ahmadinejad, est condamné à ne plus réaliser de films, à ne plus accorder d’entretiens à la presse étrangère et à ne plus quitter son pays - sous peine de vingt ans d’emprisonnement pour chaque délit.
Panahi, acteur principal de son film, fait mine de s’être recyclé en chauffeur de taxi. La caméra à demi-cachée sur le tableau de bord, tournage clandestin oblige, il accueille tour à tour un homme et une institutrice qui débattent à propos de la peine de mort, un vendeur de DVD posant la question de la culture et surtout de la censure du cinéma en Iran, ou encore sa jeune nièce, au caractère déjà bien affirmé, qui doit réaliser un petit film bien propre et conventionnel pour l'école. La dernière passagère est une amie avocate, et le discours se fait alors beaucoup plus explicite sur la situation politico-culturelle du pays.
Panahi n'a pas déposé la plupart de ses passagers à destination, mais l'essentiel est ailleurs: il dresse le portrait d'une société dynamique ayant soif de culture et d'épanouissement. On ne retiendra pas les maladresses de ce documentaire-fiction, mais plutôt son audace et sa témérité: à l’abri de la censure et de l'oppression, Taxi Téhéran illustre ce dont est capable un cinéaste cerné par les interdits et, pour cela, force le respect.
Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Les meilleurs films de 2015, Les meilleurs films primés au festival international du film de Berlin (Berlinal), Les meilleurs films qui traitent d'un sujet d'actualité et Les meilleurs films iraniens
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le 21 août 2015
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