Le cœur à l'épreuve d'une romance informatisée
Un homme. Solitaire. Tendre. Négligemment dépressif. Il est à la fois geek et épistolier talentueux. Théodore (Joaquin Phoenix) manie en effet avec brio les doux mots d'amour, telles que ses rimes accolées comme des lèvres l'une sur l'autre. Cette inspiration dérive d'une profonde nostalgie de son idylle passée, noyée dans la brume de ses souvenirs. Ses relations avec les autres s'étiolent. Il y a un vide. N'y voyez pas une misanthropie naissante, plutôt un manque affectif à combler, différemment. C'est alors que Samantha apparaît.
L'ambiance générale s'installe dans un futur proche, avec une atmosphère urbaine agréablement épurée et ouatée. La palette de couleurs des costumes et des environnements renvoient aux nuances d'humeurs et de sentiments éprouvés par Théodore. Le dialogue entre lui et Sam, véritable fil conducteur de l'histoire, s'entrecroise avec une bande originale composée tantôt de balades folk signées Arcade Fire, tantôt de morceaux évanescents (Aphex Twin, Avril 14th par exemple). A noter que Joaquin Phoenix est remarquable de justesse.
In fine, le spleen de Théodore et sa solitude recherchée se compense par une interaction nouvelle, qui nous renvoie à nos propres dépendances envers les autres, et surtout envers les choses, parfois virtuelles, souvent artificielles.