Auto critique

A mes yeux, "Taxi Téhéran" est une oeuvre qui aura bénéficié exagérément de son contexte politique et du statut symbolique de son auteur.
Jafar Panahi est un paria dans son propre pays, puisque le régime des mollahs lui interdit ni plus ni moins d'exercer son métier : c'est évidemment scandaleux et le soutien de l'Occident est mérité.
Néanmoins, cela ne signifie pas que son film doit être considéré a priori comme un chef d'œuvre ("Taxi" a obtenu l'Ours d'Or au festival de Berlin).

Pour ma part, je suis resté sur ma faim devant ce film minimaliste, dans son discours comme dans son dispositif. Ce dernier se propose de restituer des scènes du quotidien dans la capitale iranienne, rejouées par des acteurs non-professionnels ; une sorte de flou entre la réalité et la fiction s'installe donc.

Plus gênant, Panahi semble être en permanence dans l'auto-référence, puisque ses propres réalisations précédentes sont non seulement évoquées, mais même citées en exemple.
De plus, sa dénonciation de la censure, si pertinente soit-elle, reste assez simpliste et maladroite.

Je ne veux pas non plus paraître trop sévère avec un cinéaste malgré tout courageux, ni avec une œuvre réalisée dans des conditions terribles : on ne s'ennuie pas devant ce "Taxi Téhéran" (d'ailleurs très bref), qui a le mérite de nous plonger dans un univers et une culture méconnus.
De plus, j'ai beaucoup aimé la scène finale, qui s'inscrit parfaitement dans le dispositif conçu par Panahi.

Mais prenons garde à ne pas confondre les mérites idéologiques d'un artiste avec les qualités cinématographiques de son œuvre.
Sans être expert du cinéma iranien, les premiers films de Asghar Farhadi par exemple (lui aussi persona non grata dans son pays) me semblent plus riches et plus aboutis que ce "Taxi Téhéran".