On peut s’interroger sur la sincérité de la presse quant à l’appréciation de ce premier film d’un jeune réalisateur hongrois. Parabole mystique sur la famille et sur la genèse d’un artiste, critique acerbe et sociale de la Hongrie à travers trois grandes périodes vécues (celle qui a amené l’ère soviétique, le joug russe, et aujourd’hui) ou film sévèrement insolent et novateur… On a tout lu. A un point tel que l’on se demande si cet épouvantable exercice de style ne se trouve pas encensé juste parce le fait qu’il soit tendance ou volontairement provocateur comme le furent en leur temps et toutes proportions gardées « La grande bouffe » de Ferreri ou « Element of crime » de Triers présentés eux aussi à Cannes.
Il fallait vraiment que la sélection dans son ensemble soit mineure pour faire de « Taxidermie » le film évènement à ne pas rater…
De quoi s’agit-il en fait ? Sur trois séquence temps, Györgie Palfi raconte le parcours de trois générations d’hommes ; le grand-père sous-officier et déviant sexuel, le fils compétiteur soviétique de bouffe ingurgitée et le petit fils véritable verrue des deux précédents qui ambitionne d’élever la taxidermie au rang de l’art… Jusque là, on peut se réjouir du manque de conformisme.
Le seul problème, et il est de taille, tient à l’illustration racoleuse et malsaine du film. Tantôt pornographique, nauséeux voire même franchement gore, rien ne nous est épargné. Le pire, c’est la gratuité évidente des images sur lesquels Palfi insiste lourdement dans un but que lui seul semble connaître. Et en plus il le fait avec talent, car certains de ses plans sont sublimes (la rotation de « la baignoire de la vie », la scène finale…).
Mais même brossée avec un esthétisme sulfureux, rien n’enlèvera à cette œuvre son abjecte et absconde inutilité.