Ted 2 noeud ou Ted 2 con?Trois ans après,revoici l'ours en peluche alcoolo,drogué et fêtard.Il vient d'épouser sa copine,une caissière tapageuse et vulgaire.Il est toujours copain avec John,son propriétaire d'origine,lequel a divorcé,probablement parce que Mila Kunis n'a pas voulu,ou pas pu,rempiler dans son rôle.Ted et sa femme veulent adopter un gosse et là,c'est le drame!Les autorités US s'avisent brusquement qu'il n'est qu'un jouet et non seulement lui refusent l'adoption,mais lui retirent en plus tous ses droits,annulant du même coup son mariage.Mais,soutenu par John et une jeune avocate,il va se battre pour retrouver son statut.Après un premier opus roboratif et décapant,on dégringole brutalement de plusieurs étages avec cette suite très moyenne.Dès le pitch,ça ne fonctionne pas.Quoi,Ted,qui a une bonne trentaine d'années et a été une star dans son pays sans que ça n'interpelle personne,se voit soudain stigmatisé?Pourquoi l'administration n'a-t-elle pas réagi avant?Sinon le début du film est excellent,marchant sur les traces du précédent.De la dérision,des dialogues percutants,des punchlines très drôles,de l'insolence,tout semble en place pour une bonne sequel.Et puis,quand les ennuis de Ted commencent,ceux du spectateur suivent sans tarder.Le rythme chute et Seth MacFarlane,toujours producteur-réalisateur-scénariste,s'embourbe dans une bonne grosse leçon de morale bien-pensante à la sauce hollywoodienne.Peut-être lui a-t-on reproché d'avoir négligé ce désormais obligatoire aspect dans "Ted"?En tout cas,là,il met les bouchées doubles,et ça devient vite indigeste.D'autant que sa démonstration,incohérente,fuit de tous les côtés.D'une part on glorifie les valeurs traditionnelles,la famille,le mariage,les enfants,la fidélité,de l'autre on promeut les contre-valeurs et on encourage l'alcoolisme,la toxicomanie,la sexualité débridée,la déglingue.Faudrait savoir.Mais le fond de l'histoire,c'est la promotion de la différence et surtout du mariage et de l'adoption pour les gays.Car évidemment personne ne songe sérieusement aux droits des ours en peluche et Ted sert ici de métaphore aux homos.Dommage que MacFarlane,tout à sa furie militante,oublie son film en route et nous serve un infâme brouet à base de prêchi-prêcha fatigant et de grandes phrases creuses lourdement moralistes.Le traitement qui est fait de la sexualité a également de quoi dérouter.Comme dans toute comédie américaine new wave,disons style Apatow,les dialogues débordent de grossièretés décomplexées à propos du sexe.Et en même temps on ne nous montre jamais la moindre scène de coït ni le moindre corps dénudé,en filmant avec des pudeurs de rosière dignes du défunt Code Hays.Il est vrai qu'il faut éviter les classements limitatifs,genre interdiction aux moins de 12 ans,qui pourraient diminuer les recettes.Car voyez-vous,on a beau être de gauche et artiste engagé,on veut surtout s'en mettre plein les fouilles.Autre étrangeté,la sexualité de Ted.Il n'arrête pas de parler de baise,ça l'obsède,cependant il y a un problème,qui était suggéré dans le premier film, mais est carrément mis sur la table dans celui-ci:il s'agit d'un jouet pour enfants et à ce titre il n'a pas de zgeg,il n'a bien sûr pas été vendu avec cet accessoire.Alors,quid de sa sexualité?Comment satisfait-il son épouse,qui est jeune,belle et très sexy?La fille va-t-elle voir ailleurs?On l'ignore,le scénario fait l'impasse sur ce sujet.Pour finir,MacFarlane ne trouve rien de mieux que de nous resservir l'intrigue du premier film avec le même psychopathe,joué par le même Giovanni Ribisi,qui kidnappe à nouveau l'ours,lequel sera à nouveau sauvé par son ami.C'est bien,Seth,on sent que tu as de l'inspiration.Mark Wahlberg traverse les évènements d'un air éteint,tout en continuant à se taper des filles beaucoup plus jeunes que lui.Naturellement,il va se mettre avec l'avocate de Ted,ce qu'on voyait venir de loin.C'est Amanda Seyfried qui hérite du rôle.Elle est pleine de vivacité et de fraîcheur mais la platitude de son personnage,peu écrit,ne lui permet guère de briller.A part ça,il y a de bons seconds rôles et des caméos rigolos comme ceux de Liam Neeson ou Sam Jones,déjà présent dans "Ted".On peut s'interroger sur la pertinence des placements de produits en voyant le patron d'Hasbro se transformer en criminel pour ramasser encore plus de pognon,ou la description du Comic Con,décrit comme une réunion de pantins décérébrés.Ces gens-là étaient-ils vraiment conscients de l'image que le film allait donner d'eux?Reste que la première partie du film regorge de scènes hilarantes qui resteront dans les mémoires,particulièrement le passage à la banque du sperme,l'intrusion chez le champion de foot ou la consultation chez le gynéco interprété par le formidable Dennis Haysbert.