Prix du Jury au dernier Festival de Cannes, "Tel père, tel fils" raconte l'histoire de deux familles auxquelles tout oppose : Milieu social, personnalité, physique. Ces deux familles vont être liés et bouleversés à jamais lorsqu'ils vont apprendre l'échange de leur fils à la naissance.
Le "Prix du Jury" est amplement mérite puisque "Tel père, tel fils" est très beau. Ce n'est pas le film de l'année mais il dégage une très grande universalité et pose de très belles questions sur la paternité. Doit-on éduquer notre enfant comme nous l'avions été ? Les liens du sang sont-ils plus important que l'amour que nous puissions apporter à l'enfant ? Que ferions-nous face à un tel événement ? Le spectateur est aussi bouleversé que les protagonistes du film, que ce soit durant le film ou à la sortie du cinéma.
De plus, Hirokazu Kore-eda nous évite les clichés de ce genre de mélodrame. Les personnages ont tous une personnalité différente, ce qui pourrait s'apparenter à des stéréotypes mais non, puisqu'ils n'en font pas trop et c'est très subtil. Puis le film parvient à ne pas tomber dans le cliché ou dans le pathos, on est pas dans un drame à la "Dancer in the Dark" où plus le film avance, plus les malheurs deviennent grandes.
Et ce qui est à la fois subtile et grandiose, c'est que Kore-Eda filme ses personnages sans jugement et sans tomber dans une critique sociale grandiloquente. Bien sûr, il a des choses à dire sur cela et le film traite ce sujet, notamment grâce à de jolis plans. Les personnages du film, que ce soit riches, pauvres ou membres de la classe moyenne, ont tous des qualités et des défauts. Masaharu Fukuyama joue un père autoritaire et sec, vivant dans un milieu aisé et pour son travail, mais étant aimable auprès de son épouse, son fils et ses proches, tandis que Lily Franky joue un père amusant auprès de ses enfants malgré qu'il reste dans son canapé à ne rien faire, comme il est souvent dit dans le film. Aucun jugement n'est commis par le réalisateur et cela nous permet de créer aux spectateurs, une empathie pour les personnages.
Les acteurs du film jouent de manière réaliste et sublime. Ici, rien à voir avec "Le Loup de Wall Street" où le cabotinage est maître et relève du génie. Dans "Tel père, tel fils", le jeu est très réaliste, que ce soit dans les gestes des personnages ou dans leurs intonations. Par exemple, la réaction de Fukuyama lorsqu'il apprend la nouvelle, sera à la fois simple mais terrible. De même pour les enfants qui jouent véritablement ce qu'ils sont, et c'est merveilleux !
Cependant, la réalisation du film comporte une sorte de travelling extrêmement long, que l'on retrouve plusieurs fois, dans ce qui aurait pu être de simples plans fixes et dont l'intérêt est discutable. Et le film a un énorme problème de rythme, non pas que le film soit ennuyeux, mais le temps devient long au bout d'un moment même si on ne voit pas passer les deux heures.
"Tel père, tel fils" est donc un joli film, au scénario simple mais efficace, qui s'éloigne de tout pathos et de tout cliché. 2013 se finit en beauté !