Une pure merveille. Je pressentais que le film allait être incroyablement touchant et sublime de sincérité au vue du sujet qu'il aborde et en ayant vu Still walking récemment. Et ça a pas raté. L'histoire est simple : elle aborde le thème d'échange d'enfants à la naissance et met en scène les réactions de ces deux familles face à ce tragique événement. La film se concentre aussi beaucoup sur la figure paternelle de ces deux familles et la manière dont les deux pères tente d'éduquer leur enfant.


On a d'un côté le personnage de Ryota, pour qui la chose la plus importante dans la vie, c'est l'argent et le succès. Il croit qu’avec de l’argent, tout peut être résolu. C'est quelqu'un de froid, qui offre peu de signes d'affection à sa femme et surtout à son fils avec qui il passe peu de temps en raison de son travail. Totalement à l’opposé de sa personnalité, on retrouve la figure de l'autre père de famille, Yudai. Pour lui, l’argent est secondaire et ce qui compte vraiment, c’est de passer du temps avec sa famille et de créer des souvenirs avec ses trois enfants. Il est tendre, chaleureux et affectueux et n'a aucun problème à montrer de l'affection à sa famille.

On a donc cette opposition ultra intéressante entre ces deux figures paternelles, ils sont différents en termes de personnalités et de manières d’appréhender la vie, la réussite et la parentalité.


Comme dans Still walking, le film critique en quelque sorte notre société ultra capitaliste, où les parents passent de moins en moins de temps avec leurs enfants, parce qu'ils sont obsédés par leur réussite professionnelle, pour maintenir leur position dans la société et dans le monde du travail. Et à travers Ryota, le film montre à la perfection que l'argent ne fait pas toujours le bonheur.


Ce qui est plaisant dans le cinéma de Kore-eda, c'est qu'on tombe jamais dans le manichéisme. Malgré son sujet, malgré le fait que l'on nous montre une famille donnant beaucoup d'affection à ses enfants au contraire de l'autre où l'on ressent une certaine froideur dans les relations, aucune famille n'est jugé mieux ou plus mauvaise que l'autre.


Cette question autour de ce qui doit l'emporter entre l'amour et les liens du sang est également traitée de façon sublime. On voit le personnage de Ryota tourmenté, essayant sans cesse de se remettre en question. Le tout est raconté et filmé avec tellement de pudeur et de retenu. Puis la fin est tout aussi sublime que le reste du film. Elle est d'une simplicité et d'une beauté incroyable. On devine en plus de ça l'issue de l'histoire sans pour autant que ce soit clairement expliqué.


Comme dans Still walking, le film ne tombe d'ailleurs jamais dans le pathos comme aurait pu le faire d'autres films avec un sujet tel que celui-ci. Tout est d'une justesse, c'est juste magnifique. Un chef d'oeuvre.

CO98
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