Un hymne arnarcho-révolutionnaire anti-"télé poubelle"
C'est le 5ème long métrage pour Michel Leclerc. Un an après "Le nom des gens" drolatique et on ne peut plus rafraichissant en période pré-électorale, le réalisateur français récidive avec quelques uns de ses thèmes favoris tournant autour de l'engagement politique qui prône une vision très libertaire de la société.
Michel Leclerc qui débuta comme monteur puis réalisateur pour Télé bocal, s'inspire librement - c'est précisé dans le générique de fin - de son expérience dans cette télé de quartier engagée politiquement dans laquelle il fit ses gammes entre 1995 et 2000. "Télé gaucho" raconte ainsi le combat quotidien d'une bande de joyeux drilles à bord d'une télé pirate anticonformiste.
Le moins que l'on puisse dire c'est que ça fait mouche. Tout n'est pas parfait, quelques scènes sont répétitives et le film tire un petit quart d'heure en longueur. Mais qu'est-ce que ça peut faire du bien de voir ce genre de films. Une écriture saillante, une humour qui fait mouche et des personnages géniaux quoique certains caricaturaux comme le danseur.
Après l'excellent "Skylab" de Julie Delpy passé quasi inaperçu en 2011, Elmosnino ré-endosse le costume de soixante-huitard attardé qui lui va si bien. Cet acteur qui peut aussi bien jouer Gainsbourg qu'un instit' dans "La guerre des boutons" version revisitée, est un pur don du ciel pour le cinéma. Le reste de la troupe n'est pas mal non plus. Mention spéciale à Sara Forestier qui joue la blonde crétine de service de manière hilarante.
"Télé gaucho" est un bon moment de franche rigolade mais la force du film réside avant tout dans son message. La critique de la télé poubelle et des dérives individualistes de notre société de consommation qui poussent la plupart des Français à regarder des émissions débiles à la Télé et bien souvent à voter Le Pen sont percutantes. Mais là où le film est vraiment fort c'est que tout en dénonçant le rationalisme cynique de la pensée de droite, il place aussi les idées arnarcho-révolutionnaires de gauche devant leurs propres contradictions utopistes. Un film à l'humour moins potache qu'il n'y parait et très fin politiquement.