Voilà un film dont la mise en scène bordélique s'accorde bien à son sujet. A savoir les péripéties d'une bande de pieds-nickelés parisiens, militants d'extrême gauche et marginaux en tous genres, qui animent une télévision de quartier dans l'ambiance néo-soixante-huitarde de la France des années 90. Inspiré par l'histoire de Télé Bocal, une chaîne pirate à laquelle Michel Leclerc a participé à l'époque, Télé Gaucho, qui aurait tout aussi bien pu s'appeler «Candide chez les gauchistes», raconte le parcours professionnel et amoureux d'un jeune provincial qui se rêve en émule de Truffaut et se retrouve coincé entre son travail dans une télé commerciale et ses potes, défenseurs des exclus et des sans-papiers... Aidé par d'excellents jeunes comédiens encore peu conus, le réalisateur parvient à rendre avec une fantaisie teintée de gravité l'esprit d'une époque joyeuse, à la fois proche et lointaine, où l'on espérait encore changer la société avec une caméra vidéo.