Je n'ai pas pour habitude de me mettre en scène dans mes critiques, mais pour le coup ça colle tellement bien avec le film que je ne peux pas m'imaginer l'écrire autrement. Donc commençons.


Ça faisait un moment que j'avais repéré ce film. Un documentaire et des mots magiques pour attiser ma curiosité : Swinging London, brulot anti-Vietnam, années 60. C'était trop beau pour que je passe à côté. La séance était cochée sur mon agenda depuis le début de la semaine. Je ne sais pas s'il faut y voir un lien de cause à effet, mais pas moyen de bosser cet après-midi. Bloqué devant mes lignes de code comme un touriste sur l'autoroute le week-end du 15 août. Je tourne en rond, je glande, je m'ennuie. Je pense au film, j'en ai déjà parlé à tout le monde aujourd'hui ; j'ai vraiment envie d'aller au ciné. Ça ne quitte pas mon esprit. Avec ça et tout le bruit, je n'arrive pas à me remettre dans ce satané code. Pas envie surtout. Je me tourne les pouces. Je passe ma journée sur senscritique pour tromper l'ennui. Je m'ennuie tellement que je me sens obligé de répondre à toutes les questions que Before-Sunrise poste sur sa dernière liste. Même celles qui ne me sont pas destinées. Il faudrait que je m'excuse auprès d'Hyperion et Tychus pour ce manquement flagrant à la politesse la plus élémentaire.
16h48. Je suis hypnotisé par l'horloge. Le temps se dilate à n'en plus finir. L'infini a le temps de s'écouler deux fois avant que s'affiche 17h00 en bas de mon écran. En moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, tout le monde a plié les gaules. Sauf moi. Le ciné est à deux tours de roue et la séance dans moins d'une heure. Je me remets dans le code. Cette fois j'avance un peu. L'open-space, c'est vraiment une idée de merde.
Il est enfin l'heure. Je descends du bâtiment à vitesse éclair. Quelque chose bouge dans ma poche. Mon téléphone. C'est Mylène qui a oublié un truc sur son bureau. Je remonte le chercher, je vais être en retard. Je pique un sprint jusqu'à la voiture. Je crois que j'ai doublé Usain Bolt qui s'entraînait dans le couloir.


Je suis enfin devant le cinéma. Pas un chat comme souvent. Je ne connais pas le mec à la caisse, il a l'air sympathique mais j'ai pas le temps de discuter. Je prends ma place et lui demande si la billetterie pour l'avant-première de La Chasse en présence de Vinterberg est ouverte. C'est le cas. Je prends mes deux tickets et je file vers la salle. Disons plutôt que je me traine car je lutte pour envoyer des sms à Dosnaur et Pygocentrus afin de les prévenir pour Vinterberg. Après avoir évité de justesse une collision avec un mur qui stationnait au milieu de mon chemin, j’atteins la salle. Il fait tout noir, les bandes-annonces passent à l'écran. Je check la salle. Trois personnes. 70 ans de moyenne d'âge. Je ne devrais pas être dérangé par le bruit. D'ailleurs le générique du film ne comporte aucune musique, aucun son. Quelques minutes avec le bruit du système d’aération, c'est pas commun.


Ça commence en chanson, donc ça commence bien. Le réalisateur ne nous prend pas en traître, il annonce rapidement la couleur, on va voir un O.V.N.I. Les séquences s'alternent, entre vrai et faux, interviews et manifestations. Brook met en scène ses interrogations et celles de sa compagne. On commence à le voir partout. Elle aussi. La frontière entre réalité et fiction devient de plus en plus tenue, ça n'est pas pour me déplaire. Pour le reste, ça ronronne sérieusement et je m'ennuie presque autant que quelques heures avant. Il débat du bien fondé de la guerre du Vietnam avec quelques politiques dans une soirée mondaine. Ca ne vole pas bien haut. Si l'on excepte les costards et la qualité de langage, j'aurais pu avoir la même chose en lançant le débat au troquet du coin. Les politiciens remettent en cause son pacifisme, une guerre peut-elle être justifiée ? C'est plat, c'est mou, je suis tant bien que mal. Au bout d'un moment, je me demande pourquoi ils parlent d'album à conseiller à Before-Sunrise. Je me réveille. Ça faisait longtemps que je ne m'étais pas endormi devant un film. Sur l'écran, deux noirs s'embrouillent dans leurs explications pour justifier ou non la violence. On dirait bien des Black Panthers, mais je dormais lorsqu'ils ont été annoncé. Brook est là. Encore. Plus ça va, plus il est là.
Et puis une image choc. La vidéo du moine qui s'était immolé par le feu pour protester contre l'oppression dont il était victime avec ses congénères. Je n'avais vu cette image qu'en photo sur la pochette de l'album éponyme de Rage Against the Machine. C'est incroyable. Le type ne bouge pas malgré la douleur qui doit être atroce. Il crame au milieu d'une foule de moine, sans un cri.
Retour en Angleterre, le train-train de l'autre zouave reprend. J'ai l'impression qu'il est sur chaque plan maintenant. Je commence à me demander à quoi doit ressembler un film de B.H.L. Ça ne doit pas être loin de ça, la fantaisie en moins. Les mecs semblent presque jouir à l'écran se croyant tellement subversifs. Je me contorsionne pour regarder mon téléphone sans déranger les autres dans la salle. J'arrive à tordre mon cou et regarder un bout de l'écran dans la poche de mon sweat. Dosnaur m'a répondu. Je me remets dans le film. Quelle platitude ! Pourquoi continuer à perdre son temps ici ? Deuxième séance de contorsion. J'arrive à voir que ça fait une heure trente que je suis dans la salle. Cette fois c'en est trop. Je me barre !
J'attrape mon blouson, je me lève rapidement vers l'allée. Je check si mes trois vieillards sont toujours vivants avant d'ouvrir la porte. Ça a l'air d'être bon. J'ouvre. Enfin sorti.


J'attrape un programme, je salue le caissier et je réponds à Dosnaur. L'avant-première avec Vinterberg, c'est le 31 octobre à 21h30. Je vais enfin pouvoir manger. De retour chez moi, je ne comprends pas pourquoi toutes les critiques françaises sont unanimes sur ce film. Ceci dit, à l'exception de celle de rue89, elle sont toutes inintéressantes. Je cherche à l'étranger, le New York Times a mis 1/5, je suis rassuré. Si vous avez tout lu jusque là, ça a du être long, chiant et peu enrichissant. Un bon aperçu du film.

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le 25 oct. 2012

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