Ce film fait déjà tellement débat qu’il est difficile de dire « il fera débat ». Mais quand même, il continuera de faire débat dans les semaines, mois voire années à venir. Pour la simple et bonne raison que ce film est Nolanien puissance 100, dans le sens où le réalisateur britannique met en exergue toutes ses caractéristiques habituelles, certaines étant des défauts pour certains et des qualités pour beaucoup d’autres. Du rythme à la complexité de la trame narrative en passant par les thèmes du temps et de l’humanité perdue, Nolan nous sort le grand jeu. Les personnes trouvant que le réalisateur en faisait déjà trop avant ne trouveront probablement jamais leur compte, en revanche les adeptes du réalisateur et autres fans des films énigmatiques ou à puzzle seront ravi de voir que le réalisateur ne perd pas sa patte, ne se dénature pas et propose au grand public une copie plus que culottée qui dénote par rapport au catalogue cinématographique de ces dernières années.
Que pourrait-on reprocher à Nolan ? De faire des films inutilement longs et compliqués ? C’est ce que j’entends souvent comme critiques et elles ne correspondent pas à mon avis. Je m’explique. Christopher Nolan apprécie faire des films à puzzle, où la trame globale et les grandes lignes sont comprises au premier visionnage mais où l’œuvre s’étoffe après plusieurs visionnages, étant donné que l’on comprend mieux les dialogues et petites phrases et les nombreux détails clairsemés à travers le film. Je ne vois pas le mal à cela : nombreux sont mes amis et éclaireurs à avoir revalorisé de plusieurs points un film de Nolan après un second voire troisième visionnage (Interstellar, Inception, notamment). D’ailleurs ces deux films que j’adore étaient loin de faire partie de mes films favoris après le premier visionnage.
En l’occurrence, la narration dans Tenet est certes complexe et un peu trop expédiée dans la première demi-heure mais elle devient rayonnante par la suite, soit pendant deux heures. Les scènes d’action sont superbes et le montage est ahurissant. Il est difficile d’en parler en détail sans spoiler mais je n’ai jamais vu quelque chose de tel.
Allez petit spoiler, les scènes où sont combinés les personnages au présent et ceux inversés sont dantesques et remarquablement réalisées. La scène de bataille de fin et celle où nos héros doivent récupérer le plutonium me viennent notamment à l’esprit.
Rien que le concept du film est dingue. Rappelons quand même que Nolan fait partie des rares réalisateurs hollywoodiens à écrire ou co-écrire ses propres scripts et scénarios. Je suis ahuri de constater à chaque fois ce qui sort du cerveau de ce monsieur. J’adore où il m’emmène avec Tenet, tant sur le plan de l’idée d’inversion que sur la mise en application à l’écran.
Personnellement j’ai été extrêmement pris par le scénario et cela est notamment dû à l’excellent casting. Robert Pattinson est épatant et plein de charisme. C’est génial de voir cet acteur avoir actuellement autant de rôles taillés pour lui afin qu’il puisse exprimer tout son talent. Il a réussi le pari très difficile de sortir de l’image de son début de carrière. Aujourd’hui de moins en moins de personnes le mettent dans la case Twilight, Christopher Nolan et Matt Reeves lui permettant d’encore plus décoller et de devenir un des acteurs les plus bankables du marché. John David Washington est aussi excellent. Je ne parlerais pas de révélation parce que je l’avais déjà vu auparavant mais plutôt de confirmation. Elizabeth Debicki, elle en revanche, est une révélation. Je l’ai adorée et son personnage est très bien écrit.
Le rythme du film est dans la même veine que dans la trilogie Batman de Christopher Nolan, c’est-à-dire très intense. Je ne vois pas le temps passer quand je regarde un film de Nolan et cela s’est confirmé encore une fois avec Tenet.
Petit bémol sur la bande-son, en-deçà des attentes et de ce que nous avons l’habitude d’entendre dans un film de Christopher. C’est plutôt facile à expliquer puisque nous n’avons pas eu droit à Hans Zimmer sur ce coup-ci mais à Ludwig Göransson, compositeur notamment des bande-originales de Black Panther et The Mandalorian. J’espère néanmoins qu’Hans Zimmer puisse revenir pour le prochain film du réalisateur britannique parce que son talent est toujours requis.
En somme, difficile de vous faire une leçon de morale si vous n’avez pas aimé le film ou si vous l’avez apprécié. C’est toujours vrai mais ça l’est d’autant plus quand un film est autant personnifié et représentatif de son auteur. Si vous n’aimez pas Nolan, je n’aurais jamais les arguments pour vous convaincre de l’apprécier et je n’en ai d’ailleurs pas l’objectif. En revanche si vous appréciez d’ordinaire les travaux de l’auteur et que ça ne passe pas avec Tenet, je ne peux que vous conseiller de le revoir au moins une seconde fois. Si cela ne passe toujours pas, où est le mal ? Tout ne peut pas toujours être adapté à nos goûts à chaque fois !
Quoi qu’il en soit, je suis ravi de pouvoir voir ce genre d’œuvres au cinéma et de prendre autant de plaisir. Et que certains des critiques presse se rassurent, pour ceux qui trouvent que le film manque d’humour ou est trop compliqué, il y a pléthore de films Marvel et Disney qui vont continuer à défiler dans nos salles de cinéma.