Tout le monde s'accorde à dire à juste titre que Nolan a enfin réalisé son propre James Bond 2.0. Saga qui n'a jamais cessée de passionner le cinéaste tant dans Tenet on arrive à ressentir tout l'amour voué à ce mythe cinématographique. C'est bien clair, hormis quelques petites spécificités, tout est réuni pour parler d'immenses similitudes et ce, pendant une bonne moitié du film.
C'est de là qu'est forgé le postulat de départ, un thriller d'espionnage à la réalité augmentée qui flirte bon avec les codes déjà mis en place avec l'espion préféré de Sa Majesté ou autre Mission Impossible.
Et puis voilà ! En une scène clé tout s'enchaine : les cartes sont redistribuées, le langage change, la tangente du film prends une direction aussi différente que douloureuse pour l'esprit. Une avalanche d'éléments nous tombent sur la gueule tant est si bien qu'à peine péniblement le premier décodé, un autre puis plusieurs dans la foulée nous ensevelissent sous un amas d'informations hermétiques mais pourtant absolument indispensables dans la compréhension des événements à venir. Voici donc le gros point noir de Tenet : un manque clair de pédagogie dans ses explications qui font cruellement défaut dans sa deuxième partie, forçant le spectateur à se retourner le cerveau quasiment à chaque plan en lieu et place de simplement profiter du spectacle proposé. On reproche souvent à certains films de trop en dire, trop expliquer ou se justifier, de ne pas assez faire confiance à leurs spectateurs. Ici plus qu'ailleurs, l’explication demeure indispensable aussi claire soit-elle, dans la compréhension du récit futur.
Et Nolan échoue malgré tout dans cette mission. Du moins au premier visionnage. Car soyons clair, il faudra plusieurs séances pour avoir une lecture beaucoup compréhensible et ainsi, en apprécier toute les composantes et se laisser emporter par la puissance du récit. Oui, car malgré tout, on a le sentiment d'être en face d'une oeuvre qui nous dépasse, certes, mais dont on ne peut s'empêcher d'embrasser la virtuosité et le caractère unique de se qui se passe sous nos yeux. N'est-ce pas l'apanage des créations les plus rigoureuses mais dont on savoure les inombrables qualités et spécificités au fil du temps ? La question mérite d'être posée.
En ce sens, les lacunes de Tenet sont vite comblées par l'audace et la mise en scène du projet. Comme à son habitude, Nolan instaure un rythme qui, tambour battant, ne laisse aucune chance de répit au spectateur. Il nous sa donne sa vision du film d'espionnage au gré de sa sampiternelle obsession du temps. Celui même qui rythme, guide, écrase notre quotidien est ici manipulé, corrigé, modifié. On se joue de lui au fur et à mesure du récit. Le combat est âpre et sans relâche. Ici le mérite reste avant tout une nouvelle fois de proposer, au delà de son concept, une expérience qui même si elle n'est pas forcément comprise, se ressent nettement. (et certainement réévaluée à la hausse dans le futur)
En résumé, entre caractère sensationnel et overdose cérébrale, reste le ressenti d'avoir pris part à une oeuvre unique en ayant loupé le train en marche.