Petite idée pour grand film ou inversement, là est toute l’ambiguïté du high concept à la Christopher Nolan, qui n’est toujours pas capable de faire la distinction entre compliqué et complexe, et qui s’en prend aux voyages temporels après avoir fait du mal aux rêves et aux dimensions. Le salut est donc dans la fuite sémantique, ce qui explique qu’il soit question d’« inversion », terme fourre-tout rimant avec action, mais aussi de « tenet » parce que ça fait plus chic que « précepte » et que c’est un palindrome, ou d’« algorithme concret » en lieu et place de la bombe habituelle. Car le fond de l’affaire est très simple, et consiste à associer un héros de cinéma d’espionnage à un environnement pour FPS en lui accordant des superpouvoirs, conditionnés par le simple passage dans un sas avec respirateur sur le nez. C’est du déjà-vu réhabilité comme une attraction repeinte plutôt que remplacée, et ce ne sont pas les blancs remplis à coups de musique assourdissante qui aident à tenir les deux heures trente, pas plus que l’enjeu complémentaire comme un numéro de loto de la mater dolorosa. Nolan a eu le mérite de maintenir la sortie de son film à la saison des blockbusters, ou alors, il n’a pas eu le courage de le décaler pour affronter la concurrence, mais dans tous les cas, il a atteint son but si c’était de donner à vivre un accident cinématographique au ralenti.
Pour public averti (et qui n’aura pas pris au sérieux la mention « le blockbuster de l’été » sur l’affiche de Greenland) : Tenet (2020) de Christopher Nolan (à qui l’on conseillera de revenir aux bases de la physique avant de vouloir les dépasser), avec Denzel Junior et le futur Batman, mais aussi Alfred dans le rôle de Michael Caine
Avis publié pour la première fois sur AstéroFulgure