Un film d'espionnage incroyable pourtant un peu lourd

Christopher Nolan revient avec son nouveau film dans une année 2020 si particulière. Son film constitue le retour des blockbusters sur les grands écrans et il faut admettre que cela fait du bien pour tous les passionnés du cinéma. Entouré de mystère comme beaucoup de ses œuvres livrées auparavant, Tenet arrive avec beaucoup de flou autour de son histoire. Sa bande annonce nous l'a vendu comme un nouvel Inception, faut-il alors s'inquiéter de tomber sur un clone de ce dernier ? Sur ce point, le spectateur peut être rassuré, le metteur en scène ne tombe pas dans la redite et livre un film d'espionnage original et ample en y ajoutant évidemment un soupçon de SF à savoir l'inversion temporelle. Dès son introduction, le metteur en scène nous plonge dans le cœur de l'action, ce qui peut être légèrement déstabilisant d'autant plus que le film respire un bon coup derrière pour nous expliquer à coups de dialogues longuets le concept principal et ce à quoi on peut s'attendre par la suite. Encore une fois, le réalisateur nous sert un récit complexe et passionnant mais on sent pourtant moins de maîtrise dans sa narration. En effet, on ne peut s'empêcher à certains moments de percevoir la longueur de certains passages qui viennent alourdir inutilement une histoire qui n'en avait pas besoin. De plus, le montage du film est plutôt étonnant, certaines scènes sont coupées assez brusquement et leur enchaînement ne se fait pas toujours de manière efficace, ce qui impacte son rythme et donc le sentiment de longueur qu'on ressent à plusieurs reprises. On a connu le réalisateur plus inspiré dans l'art de nous raconter des histoires pas comme les autres. Finalement, celle-ci est plus conventionnelle mais bien enjolivée par son concept. Il faut bien comprendre que le film reste une oeuvre marquante mais il est plus maladroit dans le fond que certains de ses prédécesseurs dans la filmographie de Nolan à commencer évidemment pas Inception mais également Memento. On retrouve tout de même des passages ébouriffants notamment en termes d'action, le réalisateur a d'ailleurs décidé d'en faire usage plus régulièrement que d'habitude et nous livre des moments anthologiques et inoubliables. Malgré une qualité narrative moindre, il sera difficile de ne pas oublier ce film tant certains passages nous scotchent littéralement sur notre siège. Quant au casting du film, celui-ci est très solide à commencer par la découverte de son acteur principal, John David Washington, qui convainc mais la vraie réussite vient de Robert Pattinson qui parvient à donner une vraie empathie à son personnages. Son jeu est par ailleurs davantage en adéquation avec l'univers du film, à la fois espiègle et mystérieux. Bref, le duo assure et on retrouve en face un Kenneth Branagh menaçant comme il le faut. A nouveau, l'écriture des personnages est une réussite, le contraire aurait été étonnant chez le réalisateur britannique. Autre point, on peut noter l'absence de Hans Zimmer à la musique, lui qui accompagnait Nolan depuis la trilogie Batman, remplacé ici par Ludwig Göransson qui livre une partition assez similaire au célèbre compositeur avec quelques fulgurances sans pour autant nous faire oublier son absence. Tenet reprend ainsi les codes propres à son metteur en scène même s'il respire la nouveauté, en quelque sorte un passage d'étape pour son réalisateur qui nous surprend ici avec des prises de risque notamment en termes d'action et de narration mais peut décevoir avec un traitement légèrement plus simpliste de son histoire qui est inutilement complexifiée par son concept très intéressant mais pas toujours bien maîtrisé et intégré dans le récit. On peut lui reprocher certains paradoxes temporels notamment. Néanmoins, au global, Nolan signe un nouveau film marquant, on n'en attendait pas moins de sa part, si la mise en scène fait preuve de fulgurance, sa narration plutôt bancale et la longueur de certains passages en rebutera quelques-uns.