La grosse sortie cinéma de cette rentrée, pour ne pas dire l'unique, c'est un film américain à grand spectacle avec moins d’effets numériques qu’une comédie romantique !
De quoi ça parle
En dix longs-métrages, Christopher Nolan a créé un style qui lui est propre. Mêlant action et réflexion avec des visuels et des sonorités qui s’imbriquent parfaitement, son cinéma est une symbiose assez unique. Une révélation pour ceux qui cherche du cérébral et une consécration pour les autres, plus axés sur le spectacle.
Si vous avez compris l'histoire du film avec la bande-annonce, vous êtes fort. Et si le synopsis vous a permis de vous faire un avis, vous êtes un dieu ! Sincèrement, il va falloir faire un acte de foi. Et avoir confiance au réalisateur de Inception, Memento, Interstellar ou encore la trilogie Batman et se rendre convaincu et masqué en salle obscure.
Je le tente tout de même
Nous suivons un agent de la CIA qui doit sauver le monde d'une future guerre, où la technologie d'inversion du sens du temps a été inventée. Sans rentrer dans les détails, ce film d'aventure et d'espionnage sur fond de science-fiction est une mélodie complexe qui ne rentre en résonance qu'une fois les dernières notes jouées. C'est d'ailleurs pour cela que la majorité des critiques et des spectateurs précisent qu'il faut le voir une seconde fois pour bien le comprendre. Ce qui est un peu faux, car le film est parfaitement compréhensible en une seule fois. Mais pour mieux appréhender les détails et les éléments scénaristiques, une seconde vision avec le caryotype en tête permettra de disséquer l'ADN du scénario qui se déroule devant nos yeux sur deux heures et demie.
La désorientation
Nolan aime jouer avec nous et semble prendre plaisir à nous désorienter tout au long du film. Le montage est ici une réelle perfection, les temps morts sont quasi-inexistants. Même quand l'action s'arrête, les réflexions commencent... Il y a heureusement de nombreux petits indices anodins, pas toujours mis en évidence d'ailleurs, mais qui auront leurs importances sur le dénouement.
Il faut aussi noter que Nolan n'a que très peu eu recours au numérique pour retoucher ces scènes. Tenet possède moins de 300 scènes truquées. C'est à dire presque moins qu'une comédie américaine. Quand on sait que les productions hollywoodiennes ont en moyenne 1000 à 1500 scènes numériques et même largement plus pour des Marvel et compagnie, cela vous laisse entrevoir le travail à l'ancienne et le respect de l'authenticité voulus pour ce film. Cela aura aussi de l'importance pour la postérité, puisqu'il y a fort à parier que Tenet vieillira moins que d'autres films ayant eu recours massivement à ce type de retouches.
Interprétation
Pour être honnête, l'interprétation est à la hauteur, les acteurs font leurs job et sont très convaincants. Après, personne ne sort réellement du lot, il n'y a pas d'interprétation transcendante. Je donnerais le bonnet d'âne à notre française Clémence Poésy et son unique expression de visage. Décidément Nolan aime bien les petites Françaises et son expérience désastreuse sur Dark Knight ne lui a pas suffi. Le protagoniste principal est un acteur à suivre, John David Washington, fils du célèbre Denzel. Il est à l'aise dans son rôle et en tant qu'ancien joueur de football, les cascades et les scènes d'actions n'ont pas été un problème pour lui.
Mais la palme revient sans conteste à Robert Pattinson, l'acteur de la saga Twilight et du merdissime Cosmopolis, est ici assez incroyable. Il est convaincant, au physique imposant et son interprétation est presque supérieure aux autres. Mes inquiétudes sur sa future incarnation de la chauve-souris de Gotham se sont envolées avec ce film.
Pour être complet, je me dois de parler de la musique. Autant pour Interstellar, la musique pourtant très moyenne fonctionnait parfaitement dans le film, autant ici, le compositeur suédois, Ludwig Göransson, nous offre une sorte de supplice auditif, qui pour le coup, ne fonctionne pas à 100% avec le film. À de nombreuses reprises la musique choque et surprend et nous fait sortir du film. Je ne pense pas que la musique d'un film doit provoquer ça ! Vraiment dommage que Zimmer ait été engagé sur le film Dune ...
On zappe ou on matte ?
Ce film me rappelle mes émotions et mon état d'esprit lors du premier visionnage de The Truman Show. Oui, les films n'ont rien à voir, mais c'est du cinéma de grand art, du cinéma de qualité, du cinéma devant lequel on ne reste pas indifférent et pour lequel une réflexion s'impose. Et dans ce secteur, Christopher Nolan est devenu le porte drapeau.
Donc, si vous hésitiez encore à mettre votre masque pour vous rendre en salle et contribuer à relancer les sorties mondiales, actuellement en attente de miracle. Il est fort possible que grâce à vous, Tenet soit ce miracle. Alors je compte sur vous pour le 7ème art, mais surtout pour ce film si passionnant et pour tous les débats qu'il va engendrer ...