Nolan c'était "Plus jamais !" après la triplette des enfers : Inception / Dark Knight Rises / Interstellar.
Sauf qu'avec Dunkerque, j'avais été faible ; cédant une fois de plus au masochisme et... j'avais beaucoup aimé.
Ouais ! Dingue...
Alors bon, même si là je savais bien que c'était un retour à son style physiquequantiqueproutprout j'voulais lui laisser encore une fois le bénéfice du doute.
Pis après tout, faut bien sauver les cinémas.
C'était au moins une bonne action donc.
Et dès la première séquence, bah...
Qui ? Allo ? Quoi ? Hein ? Comment ? Gneh ? Pourquoi ? Que ?
J'avions rien compris.
Mais bon, allez, c'était une scène d'action de mise en place, ça va se décanter derrière.
...
Je dois confesser que je m'attendais à ne rien biter au high concept puisque je ne capte jamais rien aux histoires de voyages dans le temps.
Par contre, je m'attendais moins à ne rien suivre des enjeux élémentaires du truc ou des relations entre les personnages (nan mais c'est quoi c'te fixette du black sur la grognasse du méchant ?).
J'suis pas toujours très vif mais la surcharge verbeuse stérile (le briefing de Caine sur le vrai faux tableau pour approcher le méchant qui en a déjà un faux en croyant que c'est un vrai mais qu'il sait que c'est un faux parce que si c'était un faux faux ce serait moins intéressant qu'un vrai faux plus vrai que le faux...) laisse penser que le mec n'est quand même pas foutu de faire dans la concision.
On te balance trouze mille informations capitales en 5 minutes avec, en plus, des acteurs qui marmonnent sous un mixage sonore de la quatrième dimension qui fait qu'on se tourne vers son voisin, la gueule déconfite sous le masque, pour lui demander : "Qu'est-ce qu'il a dit là ?" et le voisin de répondre, la détresse dans la voix : "J'sais pas, j'ai rien compris..."
De toute façon, au bout de 15 minutes y'a l'autre qui balance un "Ne cherchez pas à comprendre".
Moi j'veux bien ! Je ne demande pas mieux !
Mais quand tout le film, les dialogues se contentent uniquement d'expliciter des situations (Nolan style) qu'on n'y comprend rien de qui veut quoi pour quelle raison avec l'aide de c'est qui lui et pourquoi au fait puis vas y que je te case des histoires de protons de mon cul qu'on t'a dit de ne pas essayer de comprendre mais qu'on t'en parle quand même en développant ce quatorzième plan impossible alors qu'on est encore bloqué à essayer de décrypter le premier et... ça tout le film. TOUT-LE-FILM !
L'écriture est une catastrophe et il n'y a strictement rien à en retenir si ce n'est que tout ce merdier narratif n'est qu'un prétexte pour illustrer des théories totalement nébuleuses et dont on a bien compris que l'intérêt vachement cool serait de voir des trucs aller en marche arrière.
Ou plutôt des mecs aller à rebours dans des situations qui avancent normalement.
Ou de pouvoir manipuler les conséquences d'actes passés mais en fait pas encore passés via un retour vers le futur.
Ou c'était peut être des machins du futur qui agissent sur le passé pendant que le présent interfère sur le passé antérieur de l'avenir du...
Euh...
Enfin ouais, ça pourrait être vachement cool si la mise en scène n'était pas elle aussi un tel bordel où les trucs les plus "simples" deviennent un foutoir total à cause d'un montage délirant et d'une volonté manifeste de noyer le poisson.
D'autant que ce concept où les personnages (et parfois plusieurs versions du même) peuvent influer sur l'action quelle que soit leur ligne temporelle ne fait plus aucun sens une fois mis en images (la bataille finale c'est la fête du slip).
Et faut voir la platitude du reste avec l'exemple symptomatique de la première rencontre au restaurant avec la grognasse où l'on se tape du champ-contrechamp hors de contrôle qui n'arrête pas de sauter de l'un à l'autre (d'un faux raccord à l'autre) ; c'est d'une tristesse...
Et là dessus on doit aussi se farcir le tiercé gagnant :
♥ La musique pourrave asphyxiante qu'est pas de Zimmer mais qu'est toute pareille.
♥ La photo désolante où tout à la même gueule : intérieur / extérieur / jour / soir /hangard miteux / yacht luxueux / soleil / pas soleil...
♥ Les pauvres acteurs qui n'ont pas grand chose à jouer ; on sauvera quand même le charme de Pattinson et on rira de Branagh qui cabotine comme un goret.
Alors je ne peux pas reprocher à Nolan son ambition de tenter des trucs inédits. C'est clairement sa grande qualité.
Mais au delà de toute l'incompréhensible complexité calculée du récit (faut que ce soit intentionnel pour ne pas être de la pure incompétence), c'est d'un ennui abyssal à regarder malgré le boucan, les explosions et le baratin trop intelligent pour moi.
Et en attendant de me faire avoir une fois de plus, je me répète :
"Plus jamais !"