« C’est ouf »
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Au début, il faut avouer que l’on a un peu peur. Certaines scènes sont tellement caricaturales dans leur déroulement que l’on se demande comment ils ont pu oser écrire et filmer cela. C’en est même agaçant. On fait bien évidemment référence à la séquence du contrôle policier ou la première scène à l’opéra. Mais, passé les douloureuses quinze premières minutes, « Ténor » devient moins collier de clichés qui s’enfilent comme on enfilerait des perles. L’histoire est bien sûr hautement prévisible dans son déballage, elle est même presque le copier-coller de celle de « Au bout des doigts » de Ludovic Bernard, chant et opéra en remplaçant le piano tandis que le duo MB40 et Michèle Laroque se trouve en lieu et place de celui formé par Jules Benchetrit et Kristin Scott-Thomas. Mais, finalement, celui-ci s’en éloigne par pas mal de petits atouts que l’on va détailler et surtout la prestance incroyable du nouveau venu en tête d’affiche.
On aurait pu légitimement en douter et penser à un coup marketing à la manière de Rayane Benseti ou Kev Adams mais non : le rappeur nous fait le même coup que Nekfeu dans le drame « Tout nous sépare ». Il épate, surprend et explose de charme et de talent devant la caméra. Mohammed Belkir de son vrai nom est une révélation et on espère qu’il ne fera comme son collègue tout aussi doué et précédemment cité et qu’il ne se limitera donc pas à ce coup d’essai, coup de maître. En plus d’être beau, il est juste, touchant et il donne de la voix comme personne. De plus, son duo avec Michèle Laroque fait des étincelles. Cette dernière prouve qu’elle est bien plus à l’aise devant que derrière la caméra au vu des comédies navets qu’elle a tourné, mais c’est un tout autre sujet. Enfin, dans « Ténor », les seconds rôles sont bien dessinés, nuancés et approfondis et ce n’est pas si souvent. On échappe à la caricature et à pas mal de clichés sur les banlieues.
Les qualités de cette success story ne s’arrêtent pas là et il y en a une que l’on n’attendait pas du tout : c’est celle de sa très belle facture formelle. Claude Zidi Jr. aurait pu se contenter de filmer platement son histoire comme un téléfilm et comme le font les deux tiers de ce type de productions francophones. Et bien non. Dès le générique, le film se crée une identité visuelle propre et soigne ses images. Le parfait exemple : la séquence sur la scène de l’opéra où Laroque doit convaincre le patron du lieu que son poulain est doué est juste incroyable de mouvement et de fluidité, allant d’un personnage à l’autre durant plusieurs minutes comme lors d’un ballet. Étonnant. Ensuite, les valeurs sur la réussite et l’épanouissement personnel dans ce que l’on aime sont belles et bien amenées même si « Ténor » n'évite pas toujours les lieux communs et que le happy-end, aussi émouvant soit-il, est peut-être un peu too much. Surtout quand la maladie s’en mêle... Il n’empêche ce long-métrage est un bon moment de divertissement agréable, honnête et presque inattendu.
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Créée
le 30 sept. 2022
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