Point de rupture

Ce film-noir dans la plus pure tradition du genre est réalisé par l'américain John Berry. Futur réalisateur blacklisté qui viendra tourner quelques films en France avec Eddie Constantine, comme Ca Va Barder ou Oh! Qué Mambo entre autres, un drame social avec Patrick Dewaere, F...Comme Fairbanks, ainsi qu'une comédie lourdingue avec Myriam Boyer et Michel Boujenah, Le Voyage à Paimpol au milieu des années 80...

Tension propose une intrigue minimaliste privilégiant ses personnages, le brave type travailleur et énamouré, interprété par Richard Basehart, son épouse volage à qui une Audrey Totter toute en lascivité prête ses traits, le flic charismatique joué par l'incontournable Barry Sullivan, ainsi que Cyd Charisse dans le rôle de la gentille voisine au yeux de biche.

Tout ce beau monde se retrouve plongé dans une histoire de meurtre dans lequel le brave Warren Quimby (Richard Basehart) tentant de changer de personnalité avec des procédés disons-le assez foireux,s'embourbe et deviens le suspect numéro un après avoir raté un plan dont son épouse coutumière des relations extraconjugales tentera de tirer parti.

On est clairement dans l'univers du film-noir, avec tous les éléments du genre rassemblés. Le quidam qui n'en finit pas d'entretenir ses échecs, la femme-fatale toute en forme et le flic malin à qui un Barry Sullivan parfait en flic calculateur et intuitif, narrateur au sens propre de sa propre enquête, viennent prêter leur trait.
La mise en scène est épurée, aucune sophistication à la Billy Wilder ou ellipses jouant sur les contrastes lumineux comme pouvait le faire un Fritz Lang par exemple. On est clairement dans une structure narrative découlant ses attributs à l'écran. Quasiment tout se déroule sous nos yeux et l'intrigue en découle naturellement. Ce parti-pris ne faisant jamais fi d'une certaine sobriété, n'en oublie pourtant pas de porter un regard sans concession sur les dérives dans la famille américaine. L'image de l'épouse modèle explosant quasiment dès le premier plan. C'est dans cette voie sans équivoque que John Berry nous entraîne, égratignant au passage quelques tabous.

En résulte une œuvre intéressante, rapidement assimilable et plutôt bien réalisée. Point d’esbroufes et quelques effets de style sobres et plutôt bien fichus. Ce n'est point dans la démonstration esthétisante que Berry brille, mais plutôt dans cette volonté déjà très prononcée de faire exploser les clichés qui quelques années plus tard le fera se retrouver sur la fameuse liste noire...