[SanFelice révise ses classiques, volume 20 : http://www.senscritique.com/liste/San_Felice_revise_ses_classiques/504379/page-2#page-1/ ]
Revoir T2 immédiatement après le premier épisode, c'est passer sans transition d'un film d'action à un blockbuster moderne, des trucages artisanaux aux effets spéciaux numériques. Et tous les défauts habituels du genre sont déjà présents ici. D'abord, il ne faut pas se le cacher : malgré (ou à cause de) ses progrès numériques, T2 a bien plus mal vieilli que le premier. Il n'a pas le charme des trucages artisanaux et n'a pas la qualité des trucages actuels. Il nous reste un truc froid et parfois bien laid.
Là où les trucages du premier soutenaient l'action, on sent trop, ici, que l'histoire est construite pour permettre les effets spéciaux. Est-ce là l'origine du dévoiement qui va pourrir le cinéma de blockbusters de nos jours ?
Faire une petite comparaison des scènes d'ouverture des deux films est assez parlant. Nous avons exactement la même chose (l'an 2029, un monde sombre tapissé de squelettes, des machines qui patrouillent et exterminent les humains) sauf que la terreur suggérée par le monde post-apocalyptique du premier est ici remplacée par une simple fusillade.
Le ton est donné : T2 n'est pas, à proprement parler, une suite, mais le remake du premier, en moins bien. Et comme Schwarzy, entre temps, est devenu une star planétaire au fort capital sympathie, il ne pouvait plus être le méchant. Mais, puisque Terminator ne peut pas exister sans Schwarzy, alors on torture l'esprit du film pour essayer, en douce, sans trop s'attarder sur des explications qu'on serait bien incapables de fournir, de faire passer la pilule d'un Terminator gentil. Au passage, ça permet de foutre en l'air ce qui était le principe du premier : humains contre machines. ici, en nous donnant un match machine contre machine avec des humains au milieu, nous ne sommes plus vraiment dans Terminator. Déjà.Certes, revoir T2 fut une certaine déception. Je crois que je n'avais jamais vu les deux premiers films à la suite, et il est clair que ce n'est pas à l'avantage du second.
Cependant, ne boudons pas trop notre plaisir quand même, ce T2 contient son lot de réussite. Les premières rencontres entre Connor et les deux terminator, la course-poursuite moto-camion, la scène d'évasion de l'hôpital psychiatrique, et même le rêve de Sarah sur la fin du monde. Du lourd.
L'aspect nostalgique n'est sûrement pas étranger au jugement du film. Pour ceux de ma génération, T2 est un des grands films de notre adolescence. La cour de récréation était remplie des répliques du film. L'assimilation avec John Connor jouait son rôle. Cette nostalgie joue à fond sur les deux premiers films de la série.
Une fois de plus, le personnage le plus intéressant (si tant est que l'on puisse appeler cela un personnage), c'est le méchant. Tellement perfectionné qu'il paraît indestructible. Les mains qui se changent en sabres. Sa capacité à prendre l'apparence de qui il veut. Tout son arsenal le rend assez fascinant.
A côté, le T101 (Schwarzy pour les intimes) paraît bien fade. Débarrassé de l'impression de danger qui entourait son personnage, la machine devient bien moins intéressante.
Il n'y a pas vraiment de temps mort et l'action s'étend bien sur tout le film. Cependant, même si l'ensemble reste plus qu'honorable grâce au savoir-faire de Cameron, on sent déjà la baisse de qualité qui aboutira aux épisodes suivants.
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