James Cameron reprend les rênes de la suite de Terminator en 1991, sept ans après le succès critique et commercial du premier film de la franchise. La saga Terminator est passée par toutes les couleurs. Parfois malmenée et ridiculisée, elle a comme point culminant cet épisode 2. Pour le bienfait de sa réputation, elle aurait mieux fait de s’arrêter à cet opus, possédant aujourd’hui un statut de film culte, mais nous y reviendrons. James Cameron avait déjà une petite expérience en ce qui concerne les suites de franchise, puisqu’il a réalisé le deuxième volet de la saga Alien en 1985. Si celui-ci est presque unanimement considéré comme inférieur à son ainé, bien que très divertissant et dans la continuité du premier, c’est l’inverse pour ce deuxième film Terminator, bien supérieur au premier. Il possède une âme et une profondeur que l’on ne soupçonnerait pas à Terminator, si l’on ne connaît pas la franchise. Pour certains, dont je ne fais pas partie mais dont je comprends ce sentiment, ce film est même le summum de la carrière de Cameron, pourtant bien remplie niveau succès. En effet, dans ce film sont évoqués les conséquences de l’intelligence artificielle, le combat contre son destin, la place importante des femmes (dans chacun de ses films d’ailleurs). Mais quelles sont concrètement les raisons qui permettent à ce film de survoler les autres films de la franchise ?


S’il y a bien une chose que l’on ne peut pas reprocher à Cameron, c’est sa façon de gérer le suspense et le divertissement, dans le bon sens du terme. Ce serait aussi le cas d’un réalisateur comme Michael Bay en ce qui concerne le divertissement, sauf que ce dernier ne possède aucune finesse et n’a pas vraiment de talent niveau réalisation. James Cameron est capable d’offrir un divertissement de très grande qualité. Ses scénarios sont en grande partie la cause de cela. Autant ils peuvent avoir un déroulement assez classique, autant ils sont merveilleusement ficelés au profit du suspense et de l’action. Le début de Terminator 2 le démontre. Durant les trente premières minutes du film, on a le sentiment que l’ennemi est le terminator joué par Arnold Schwarzenegger. En réalité, c’est tout l’inverse. La tension n’est jamais relâchée durant 2h15. On est toujours sur nos gardes, et cela est dû au fait que l’on suit régulièrement dans le film les traces du T-1000, qui est extrêmement menaçant. D’ailleurs, une confusion est régulièrement faîte sur les scénarios, à mon humble avis. Parce qu’ils se doivent d’être au profit du développement des personnages et du déroulement de l’histoire, ils n’ont pas obligation à être compliqués pour être bons. Si c’était le cas, des films comme Star Wars ou Rocky seraient presque des navets, tant ces films ont des scénarios classiques. Enfin, en ce qui concerne le contenu, les effets spéciaux sont exceptionnels pour l’époque, et le sont toujours aujourd’hui. Une autre force de Cameron est de pouvoir attendre de nombreuses années pour réaliser ce qu’il veut, s’il n’avait pas avant les moyens technologiques pour le faire auparavant. Le T-1000 est bluffant de réalisme, pour ne citer que lui.


Terminator 2 – Le jugement dernier n’est pas seulement un film de SF, c’est aussi un thriller, avec une noirceur rarement vue dans des blockbusters de ce calibre. De nos jours, on ne parle que de films aseptisés, où la violence est certes présente mais édulcorée. La scène de la cuisine, où le T-1000 tue le père adoptif avec son long couteau, m’avait particulièrement marquée étant plus jeune. Cette noirceur n’est pas seulement une question de violence. Le film est très sombre, la photographie du film est très marquée par cela. Une grande partie du film se déroule la nuit, notamment des scènes majeures (le sauvetage de Sarah Connor, la fin du film). Une autre scène culte est celle du rêve de Sarah Connor. On a rarement vu une scène comme cela au cinéma dans un film à gros budget. Elle fait froid dans le dos, à tel point que lorsque j’étais plus jeune, je me devais de passer cette scène, j’avais du mal à la voir.


Cette noirceur est accompagnée d’un humour qui finalement, ne nous apaise pas tant que cela. Mais cela ne change pas le fait qu’il est travaillé et réussi. Lorsque Jon apprend que le terminator doit l’obéir, cela offre un excellent moment, tant le décalage entre le gamin et le T-800 est immense. Ce décalage dans le comportement entre les deux est d’ailleurs un moyen très efficace pour faire rire ou sourire. Voici une séquence bien connue et dont je me délecte à chaque fois :



Affirmatif
- Non non, il va falloir que tu apprennes déjà à parler. On ne dit pas affirmatif ou des conneries de ce genre. On dit « no problemo », si quelqu’un arrive vers toi en roulant des mécaniques, tu lui dit « va chier » ou si tu veux lui en mettre plein la vue « Hasta la vista, Baby ».
- No problemo.
- Faut que tu aies l'air plus humain, par exemple quand un mec te fais chier tu lui dit « Vas te faire foutre sac à merde ! », répète.
- Vas te faire foutre sac à merde !
- Ou alors quand tu ne veux pas l'énerver tu lui dit « Reste cool man ! ». Tu peux aussi faire des combinaisons ...
- Reste cool sac à merde !



Le comportement de plus en plus humain est d’ailleurs très bien amené et particulièrement bien réalisé. On se prend d’affection pour une machine.


Dans les films de Cameron, il n’y a pas qu’une réalisation efficace au profit du divertissement qui accompagne à chaque fois ses films. Il met en scène des femmes fortes et décomplexées. Le personnage de Sarah Connor est probablement l’un des personnages féminins les plus badass du cinéma, hollywoodien et mondial compris. Sa façon de s’évader de sa cellule est à la fois impressionnante et extrêmement jouissive. Ce que j’aime beaucoup dans les films de Cameron, et surtout dans celui-ci, c’est qu’il ne fait pas des femmes fortes en répétant toutes les cinq secondes qu’elles le sont. Non, il les affiche et puis c’est tout. C’est naturel. C’est aussi pour cela que ses personnages féminins sont extrêmement bien réussis, et Sarah Connor en est l’exemple parfait.


Outre les éléments techniques et scénaristiques qui font de ce volet un excellent film, il ne faut pas oublier qu’il apporte une réflexion tant sur l’humain que sur la machine. Sur l’humain d’abord. Cette citation du T-800 est terrifiante de vérité :



C’est dans votre nature de vous détruire vous – même



Cameron émet régulièrement des critiques sur les comportements humains et sur les gouvernements américains. C’est très criant dans Avatar lorsqu’il critique les désastres écologiques causés par l’Homme ou alors la guerre en Irak, mais dans ce film aussi c’est visible. Une tendance à rendre notre monde de plus en plus dépendant des machines et des technologies est un problème évoqué dans ce film, à travers l’intelligence artificielle qui causerait la perte du genre humain. Enfin, comme beaucoup de films avant et après lui, ce film essaye traiter de la réflexion des machines. Une machine peut-elle être humanisée ? Ses comportements peuvent-ils faire d’elle un être avec des sentiments et dans ce cas, pourrait-il un jour posséder des droits équivalents aux humains ? Bon, cette dernière question n’est pas posée en réalité, et j’extrapole, mais ce sont des questions que j’ai envie de me poser après un tel film. Ce qui est certain, c’est que ce film émet à la fois des critiques assez fortes sur l’Homme, mais qu’il met aussi et surtout en valeur ses grandes qualités et il n’est au fond pas si pessimiste que cela.


Terminator 2 - Le Jugement dernier est bien plus qu’un divertissement. Il est bien plus qu’un simple film d’action noir. Il est bien plus qu’un film de SF. Il est tout à la fois et rien à la fois, parce qu’il est si particulier qu’il est difficile de le mettre dans une case. Bon, je ne dis pas que c’est un film d’auteur non plus, mais il a un profil différent si on le compare aux blockbusters des trente dernières années. Si je devais émettre quelques réserves, ce serait bien par rapport à son final, que je trouve un peu trop long, et sur la gestion de ses pauses, parfois un peu plates. Mais qu’est-ce que je prends mon pied à chaque fois que je le vois, et je m’en lasse pas.


C’est d’autant plus malheureux que la saga ne se soit pas terminée là-dessus. J’apprécie Terminator Renaissance, qui est finalement le dessin de la guerre tant annoncée durant les deux premiers épisodes. Mais pour la bonne santé de cette saga et pour faire honneur à ces deux premiers volets, il aurait été préférable de finir en beauté.

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le 9 mai 2017

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MatthieuS

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