Au commencement était la fin.
Une fin qui n'était que le commencement de la fin.
Au commencement, la fin du monde tel que nous le connaissons et une métamorphose que le troisième opus de la saga n'évoque que dans la suggestion.
Skynet est mort ? Vive Skynet, qui n'a pas dit son dernier mot et relance ce que l'on croyait achevé !
Retcon génial, Genisys s'inscrit dans la lignée des trois premiers films, leur donne une fin tout en rouvrant une voie pour une suite.
Toute fin n'est pas une fin, pas plus un commencement mais un recommencement.
Inutile de tuer John Connor comme le fait Dark Fate, inutile de nier les opus précédents. Tout juste, Schwarzenegger, en grande forme, fête-t-il son grand retour en dégommant son *alter-eg*o plus jeune et numérique, tout droit sorti du précédent opus. Le message est clair, qui sera répété peut-être à outrance dans le reste du métrage: Vieux mais pas obsolète.
Les points forts du film ?
Un Skynet à même de prendre forme humaine tandis que son pire ennemi revient changé en Terminator. Le temps d'une aventure, John Connor devient son propre démon mais le film lui donne mille morts honorables, un duel final épique avec le T-800 et un possible retour futur en héros positif. Un Skynet qui se fait métaphore des réseaux sociaux, du Tout-connecté et de la société de l'information. Courageux dans un monde qui fait de ces derniers des veaux d'or. Un Skynet joué à la perfection, tout en insidiosité, par un Matt Smith inspiré par son interprétation du double cyberman psychique du Docteur dont on cherche encore le nom.
Un jeu réussi, plaisant, sur le thème du Dopplegänger qui permet à Schwarzy d'affronter Schwarzy et crée de belles situations de doute. Intéressant quoi que trop peu exploité dans l'économie du métrage.
Un Schwarzy qui renoue avec brio avec l'un de ses rôles fétiches, contrefaisant à la perfection la machine. Une machine qui s'humanise autant que faire se peut, comme en atteste son franc sourire de psychopathe involontaire. Une machine qui vieillit néanmoins mais dont on explique les changements épidermiques de façon plutôt crédible, surtout si l'on met ce volet en regard avec son successeur, le bien triste Dark Fate.
Les points faibles du film ?
Un retour dans un 1984 foutrement bien reconstitué mais avec des acteurs différents.
Certes, Emilia Clarke, transfuge de Game of Thrones, brille dans son interprétation de Sarah Connor, très convaincante, et confirme en sus de Matt Smith, que les vedettes de séries télévisées à succès ont un talent certain pour s'introduire dans les franchises cinématographiques.
Il n'en va hélas pas de même pour Jai Courtney, alias John MCclane fils, qui, sans être vraiment mauvais, peine à marcher dans les pas de l'excellent Michael Biehn, monstre des films d'action futuristes. Ce n'est pas Jason Clarke qui infirme la chose, tant sa dégaine fait de son John Connor un méchant de Disney qui, selon le stéréotype souvent véhiculé, porte le Mal sur son visage. Force est néanmoins d'admettre qu'il était plus complexe pour lui de reprendre un rôle campé par pas moins de trois acteurs différents avant lui, dont Mr I AM BATMAN, quand Emilia Clarke ne reprenait le rôle qu'aux très similaires Linda Hamilton et Lena Headey auxquelles d'ailleurs, brune, elle ressemble énormément, en plus mignonnement gentille.
Autre point faible, lié à la Mère des Dragons, un féminisme appuyé ("Laisse-moi ! Je peux le faire toute seule ! Je n'ai pas besoin de toi !", "Est-ce que je pourrais décider par moi-même pour une fois !", et j'en passe !) qui cependant n'est pas intrusif et envahissant et sert bien la cause des femmes, sans faire du film une tribune grotesque et hors-de-saison.
En somme peu de points faibles mais des choix artistiques et une esthétique de la surprise qui ne seront pas au goût de tous. L'intrigue se permet de changer la totalité de l'histoire de la saga tout en présentant ce passé comme nécessaire à l'existence de ce changement, présenté comme un ultime sursaut d'un Skynet mourant, que d'aucuns auront aisément associé - mais pas à tort - à Retour vers le Futur.
Peu enclin à l'esthétique de la surprise, plus tenant de l'esthétique de la variation, votre serviteur n'a pu s'empêcher d'admirer les pépites d'inventivité, dignes d'un Docteur Who, qui permettent au film de retourner les rôles et les prises de postions de ses protagonistes dans tous les sens possibles et imaginables. Ainsi, c'est le fils qui apprend leur histoire à ses parents, le meilleur ami devient le père, le héros de toujours qui devient l'antagoniste principal, le personnage éponyme jeune et fringuant qu'on surnomme "Papy", Kyler Reese envoyé sauver Sarah Connor qui est sauvé par elle et tandis qu'on cherchait initialement en 1984 à tuer John Connor avant sa naissance, on cherche cette fois à tuer Skynet avant sa création. Un feu d'artifice follet imaginatif qui offre une belle fin à l'ensemble de la saga, non sans laisser une porte ouverte à quelque suite éventuelle.
Car au commencement était la fin.
La lumière fut: toute fin n'est pas une fin, pas plus un commencement mais un recommencement.