Je crois savoir ce que vous vous dites : pourquoi mettre la moyenne avec un titre pareil ?...
A mon sens, il y a deux manières d'appréhender cette suite/reboot de la célèbre franchise trentenaire: soit on accepte de s'ouvrir un peu pour accueillir une toute nouvelle franchise (car des suites de Genisys sont bel et bien prévues), soit on découvre ce cinquième film avec les yeux d'un fan hardcore, et là... c'est la catastrophe!
1984 et 1991 : deux dates phares dans ma jeunesse de cinéphile. Les deux premiers Terminator de James Cameron ont contribué à façonner mes goûts prononcés pour la SF, l'anticipation et surtout, les voyages dans les temps. Pour les plus jeunes, ces deux premiers épisodes ont nettement pris un coup de vieux (surtout le premier, avec ses marionnettes et sans un gramme de numérique). Et pourtant, ce sont ces deux films, et ces deux films seulement, qui sont réellement l'essence de Terminator. Les deux tentatives de faire renaître la saga, "Rise of the machines" et "Salvation", ont été un désastre à tous points de vue. Le pari de proposer un cinquième film était donc pour le moins ambitieux et osé.
Pour ma part, le fan que je suis a été convaincu (dupé?) par l'effet d'annonce provoqué par l'apparition de James Cameron donnant son aval sur "Genisys" dans les bande-annonces. Je me demande encore aujourd'hui si Cameron n'a pas vendu son âme au diable pour aider à booster les ventes de places. Car si Genisys emprunte (vole?) de très nombreuses références à ses deux ainés, c'est pour mieux piétiner l'histoire originale, et ce, malgré une bonne volonté affichée de rester un peu raccord.
Il faut dire que jongler sur des repères à la fois chronologiques et scénaristiques, tout en faisant évoluer l'histoire vers une nouvelle timeline, ça reste ardu, même pour un scénariste de talent. Et d'autant plus lorsque vous avez comme tâche de fond le voyage dans le temps. Les dates, les personnages, les faits, tout se mélange, s'inverse, en essayant pourtant désespérément de se justifier par des pirouettes d'écriture qui oscillent entre l'acceptable et le ridicule (La peau synthétique d'un terminator pouvant vieillir, alors qu'elle n'est reliée à rien d'autre que du métal, WTF !).
D'ailleurs, en parlant de pirouettes, mieux vaut ne pas trop s'attacher à une absolue cohérence pour ce qui est de l'histoire, car celle-ci est bourrée d'incohérences que je ne m'attacherai pas à détailler ici.
Côté casting, comme tant d'autres personnes ici, j'ai moi aussi été partagé et le plus souvent déçu. Je ne suis pas particulièrement fan de Jason Clarke (son visage et sa façon de jouer ne me reviennent pas), et quant à Emilia "Daenerys Targaryen" Clarke, ça reste d'assez bonne facture même si j'aurais aimé en voir davantage. Jay Courtney, quant à lui, me laisse de marbre. Il aurait pu être remplacé par n'importe quel comédien de seconde zone et ça aurait fait l'affaire. Schwarzy, quant à lui, même si son personnage de T800 vieillissant en fait des caisses (notamment sur son âge), il reste le perso le plus attachant du film.
Ça, c'était le point du vue du fan. Et donc mon point de vue personnel.
En visionnant ce film avec une certaine boule au ventre, j'ai tenté de m'ouvrir un petit peu. Je dois dire, malheureusement, que je n'ai pas eu à faire tellement d'efforts, puisque la désastreuse campagne promotionnelle (les nombreuses bande-annonces et autres teasers) a carrément spoilé l'intégralité du film. J'étais donc au courant de pas mal des principaux twists, ce qui a eu comme double effet de me préparer à ce que j'allais voir tout en me gâchant l'effet de surprise.
En définitive, Terminator Genisys propose un divertissement généreux et speedé (trop proche d'ailleurs d'un blockbuster marvellien que d'un Terminator plus nerveux et plus lent). Il ravira les amateurs d'effets visuels et de bastons explosives entre robots, même si certains fonds verts sont parfois loupés et certaines "cascades" en 3D sont trop grosses (l'hélico qui plonge et se redresse en une seconde, qui découpe les façades d'immeubles sans jamais perdre l'assiette!). Ce cinquième volume a quelque chose d'attachant, mais je ne peux m'empêcher de me dire qu'Hollywood n'a trouvé là qu'un odieux procédé pour relancer une saga vieille de trente ans (la scène post générique......).