En réalité, la saga Terminator repose moins sur le combat de l’homme contre l’IA mais bien sur une fatalité à laquelle une poignée d’irréductibles refusent encore de se résigner, celle de l’abandon progressif des effets pratiques sur le numérique. Hollywood a donc décidé d’automatiser sa ligne de production et ce dès le troisième épisode qui avait déjà tout d’une fin de série. Entre temps, Terminator s’est décliné au format télé. Les mauvaises appréciations et la défection de Arnold Schwarzenegger déjà affairé par son second mandat de gouverneur de Californie, aura au moins eu le mérite de pousser les producteurs à aller (enfin) de l’avant pour nous offrir ce que James Cameron nous avais refusé dans ses visions mortifères et morbides. Terminator Renaissance abandonne donc les paradoxes temporels et retour dans le passé pour s’intéresser enfin au présent ou plutôt au devenir de l’humanité qui n’aura survécu à une apocalypse que pour en affronter une nouvelle. Cette séquelle s’inscrit ainsi dans une période de grand trouble sur le plan géopolitique marqué par l’enlisement des troupes américaines sur le sol du moyen orient. L’industrie a donc fait de ce désenchantement une nouvelle marotte très lucrative (The Road, Le Livre d’Eli) qui atteindra son apogée quelques années plus tard avec Mad Max Fury Road. Dans tous les cas, il s’agira pour un personnage d’entreprendre un périple à travers un territoire ravagée par les conflits et retombées nucléaire. Mais cette séquelle que l’on pourrait qualifier de pré-quelle implique également de nous offrir des origines sur ses personnages les plus emblématique (Kyle Reese, John Connor, y compris le T-800).


C’est en son cœur que s’enraye pourtant la mécanique de ce Terminator Renaissance, victime d’un imbroglio scénaristique imposé par Christian Bale qui comme chacun le sait piqua une sévère crise de nerf sur le plateau auprès du directeur photo après l’avoir accusé de ruiner sa concentration. Cet incident diplomatique majeur enregistré par un ingénieur du son ne fait que refléter le caractère despotique de l’acteur qui à l’instar de son personnage John Connor (Maître de guerre tempétueux aux relents de faux prophète) cherche à s’accaparer toute l’attention, au grand détriment des personnages et intrigues secondaires qui auraient nécessité d’avantage de développement. Il est aussi fort regrettable que la promotion marketing est révélé la véritable nature du personnage de Marcus tant ce twist en milieu de récit conditionne fortement son appréciation, son personnage étant de loin le plus complexe et attachant des deux mais aussi la clé de voûte de toute l’opération. Le réalisateur a donc tenté de concilier deux scénario en un afin d’amener ses deux stars à faire front commun comme le suggère d’ailleurs l’affiche. Au milieu nous retrouvons la représentation d’un T-800 pour mieux signifier que le rapport entre l’homme et la machine sera bien au cœur de ce quatrième chapitre. Le film commence et se conclue d’ailleurs par une série d’injections mortelles ressemblant à s’y méprendre à des pistons mécaniques que l’on actionne.


D’un point de vue purement formel, la réussite est en demi-teinte. Si la peinture de cet univers post-nuke et son bestiaire composé de robots tueurs, méchas géants, moto-terminator, pinces carnassières et de squelettes ambulants est assez cohérente, on ne pourra pas en dire autant de ses séquences d’action assez conventionnelle et ce malgré une mise en scène dynamique qui privilégie l’esbroufe visuel et plan séquence anecdotique (le crash de l’hélicoptère, la fuite du QG en terrain miné). La direction artistique souffle elle aussi le chaud et le froid, alternant décors et environnements crépusculaires, ruines apocalyptique, complexe militaro-industrielle et laboratoires d’expérimentation futuriste. Pour autant McG ne s’en sort pas si mal compte tenu des impératifs de production et des nombreux enjeux à reconnecter avec l’œuvre original qui impliquait de mettre en image les souvenirs et récits de survivance de Kyle Reese. Cela lui permet notamment de revisiter certaines des heures sombres de notre histoire (le convoyeur qui mène les prisonniers dans des camps de concentration) et de glisser quelques hommages appuyés au détour d’une réplique (« Suis-moi si tu tiens à la vie »), d’un refrain musical (You Could be Mine des Gun’s N Roses) ou d’une apparition surprise (Schwarzy en chair et en CGI) pour s’accorder une forme de légitimité auprès du grand public. Mais à trop vouloir empiler les morceaux de bravoure, les pauses iconiques, les discours solennels mâtiné d'écueils larmoyants et d’héroïsme sacrificielle, le cinéaste finira par donner l'amère impression de ne rien véhiculer d'autres qu'une idéologie nauséabonde destiné à faire la propagande de l'armée.


T’aimes l’odeur du blaster fumé au petit déjeuner ? Tu rêves de pouvoir voyager à travers d’autres dimensions afin de quitter ce monde de cons ? Rends-toi sur L’Écran Barge où tu trouveras toute une liste de critiques dédiées à l’univers de la science-fiction, garanties sans couenne de porc.

Le-Roy-du-Bis
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le 1 août 2024

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