Des longs-métrages s'attardant sur le monde merveilleux de l'adolescence, il y en a un paquet. Ils n'en montrent parfois que l'aspect superficiel, léger, au risque d'en livrer une vision affreusement déformée et inexacte. A l'inverse, certains films plongent dans une noirceur sans fond, dévoilant l'envers du décor sans omettre le moindre petit détail sordide. Rares sont finalement ceux parvenant à un juste équilibre. "Terri" est de ceux-là.
Derrières ses atours de bête de festivals pour films indépendants, "Terri" parvient à traduire l'adolescence dans tout ce qu'elle a de plus banale, de moins cinématographique. Le film de Azazel Jacobs croque des êtres en construction comme nous l'avons tous plus ou moins été, tour à tour anxieux, puérils, testant nos limites, insouciants... Des jeunes qui vivent leur vie, font ce qu'ils ont à faire, s'emmerdent, ou serrent les dents en attendant la vie adulte.
Pas de gros drames ici, juste la vie telle qu'elle est pour la plupart d'entre nous. Un équilibre fragile susceptible de casser à la moindre secousse, au moindre rebondissement trop romanesque, mais qui tient vaille que vaille, grâce à un savant mélange d'humour discret et d'émotion contenue toute en délicatesse.
Sans fioritures mais avec le concours d'une troupe de comédiens peu connus (excepté l'excellent John C. Reilly) mais criants de vérité, "Terri", contre tous les pronostics, propose un regard d'une justesse étonnante sur un des moments les plus complexes de notre existence.