Tous ceux qui, comme moi, avaient oublié combien Coppola est un metteur en scène de génie recevront une grande claque en voyant "Tetro", film formellement stupéfiant : noir et blanc superbe avec flashbacks de couleurs, citations baroques et réécriture du romantisme kitsch de Michael Powell, passages impromptus d'un réalisme un peu nouvelle vague (le jeu inspiré de Vincent Gallo, immense acteur, intense mais paradoxalement léger) à un cinéma opératique ou radicalement formaliste… "Tetro" ne cesse de nous surprendre, de nous bousculer, de nous ravir. Pourtant, si Coppola échoue à ajouter un nouveau chef d'œuvre absolu à sa liste déjà longue, c'est à cause de son scénario - pour une fois écrit par lui-même : voici une histoire que l'on sent douloureusement personnelle (on sait les traumas de la famille Coppola) et qui finit par se ridiculiser dans une surenchère mélodramatique pour le moins excessive. Mais c'est aussi cet excès incontrôlable qui concourt à la singulière beauté de "Tetro" ! [Critique écrite en 2009]