Filmé tout en noir et blanc (avec quelques flashback en couleurs pour changer), Tetro séduit de prime abord par sa réalisation appliquée et artistique.
Le point fort de la dernière œuvre de Francis Ford Coppola réside principalement dans l'éclairage. Son importance saute aux yeux tout le long du film avec des jeux d'ombres et de lumières habiles, mettant en valeur le corps d'une femme, une pièce de théâtre, un décor... mais la lumière tient même un rôle, si l'on peut dire, dans ce long-métrage puisque on la retrouve comme élément perturbateur, effet artistique mais aussi dans le "métier" du personnage de Tetro (qui est éclairagiste dans un théâtre de manière ponctuelle).
Mais le film ne se réduit fort heureusement pas à cela puisqu'il peut compter sur un casting impeccable, notamment en prenant appui sur le trio Ehrenreich, Verdu, Gallo et une trame simple d'histoire de famille qui se révèle finalement captivante grâce aux non-dits et au jeu des acteurs.
L'ambiance sonore accompagne quant à elle parfaitement la qualité visuelle d'un film tourné en Amérique du Sud, restituant à merveille l'ambiance de Buenos Aires.
Dommage que le twist du scénario et ses révélations arrivent finalement comme un cheveu sur la soupe. A vrai dire l'on est plus surpris par le fait qu'il y est un revirement que par le contenu de celui-ci. En clair le film était tellement bon jusque-là (et se suffisait à lui-même) qu'il n'y avait point nécessité d'introduire un nouvel élément dans le scénario pour bousculer la trame.
Toutefois cela ne gâche pas l'expérience et la fin n'est pas ridicule pour autant.
Tetro reste donc un film solide de par son intrigue (hormis la fin) et de par sa composition, et qui s'étoffe brillamment d'une réalisation délectable, jouant sur la lumière et sur une atmosphère sud-américaine à l'apport non négligeable.
Une belle réussite !