Deux monstres sacrés jouant leur propre rôle, un lieu prêtant à un comique de situation simple et efficace, et une intrigue familiale absurde qui vient troubler la passe d'arme irresistible entre l'écrivain et l'acteur. Je signe.
L'un est lui-même : ailleurs, lunaire, mystique, fragile, paranoïaque et en-dedans. L'autre est lui-même : ici , terrien, rationnel, bon-vivant, outrancier. Les deux sont des esprits et des corps autant abimés que libres dont l'anachronisme vaut l'admiration et les foudres de leur contemporains : "vous êtes la honte de la France". La France, elle est présente partout dans ce film, de ses quidams à ses idoles, en passant par ses représentants politiques et leurs apôtres. Alain Minc, bordel.
Deux monstres donc, réunis par et dans un contexte, mais opposés dans leurs êtres. Les dialogues entre Michel et Gérard transpirent à la fois de ces différences et de ces similitudes, et on assiste pendant une petite moitié du film à la rencontre entre ces deux icônes, réunis par le besoin irrepressible de sortir du cadre. Quoi de mieux pour symboliser une société oppressante et hygiéniste qu'un centre de thalassothérapie? On vous contraint, on réfrène vos élans les plus vitaux, on vous asperge de flotte jusqu'à vous faire mal. Mais c'est pour votre bien, on vous assure.
Et puis comme on ne se refait pas, on picole, on fume des clopes, on mange des rillettes. Salut Didier B et Bernard C, on pense bien à vous.
Puis les anciens geôliers de Michel, autrefois séquestré sur ordre d'un François Hollande soucieux d'écarter un prétendant au trône, font irruption dans ce petit monde. Ils vont forcer la lune et la terre à s'intéresser à autre chose qu'à leurs orbites respectives.
Je ne sais pas si je n'aurais pas préféré 1h30 de répliques semi écrites entre Houellebecq et Depardieu refaisant le monde du 69 à la spiritualité. Mais force est de constater que les personnages secondaires ont également leurs moments de bravoure, via notamment des dialogues tarentinesques pour le coup très bien écrits et joués. La référence est particulièrement savoureuse dans une scène de voiture ou conducteur et copilote devisent avec grand sérieux d'une greffe de vieille chatte.
Nicloux joue sans cesse avec nos représentations de la réalité et de l'absurde. Ou comment deux "vrais" personnages, dans un vrai décor, peuvent ou non s'insérer dans une situation qui a conduit trois loubards et une voyante à gérer la séparation de Ginette et Dédé.
C'est pour moi une franche réussite et un film qu'on a envie de faire voir et de revoir.
Et puis il y a la fin, et là j'ai besoin d'aide. Peut-être une piste : "La référance à la vérité est plus importente que la vérité" ?? Merci d'avance.