Nous vivons dans une époque basée sur la peur. Il n’y à qu’a regarder autour de soi pour s’en rendre compte. D’un côté les politiciens et autres associations se chargent de protéger leurs intérêts ainsi que ceux des citoyens tandis que de l’autre, la télévision ou les journaux nous montrent à longueur de temps à quel point le danger nous entoure. Les gens ne pensent même plus réellement par eux-mêmes, tant bien que les sphères supérieures contrôlent petit à petit notre manière d’agir. C’est sur cette idée que Thank You For Smoking se base, afin de nous proposer une réflexion simple et pourtant nécessaire sur la manière dont commence à marcher le monde.

Nick Naylor est lobbyiste pour le compte de l’industrie du tabac américaine, pour faire simple son rôle est de défendre les intérêts de sa société et en particulier d’argumenter contre tous les détracteurs de la cigarette. Belle gueule, intelligent et riche, ce mec a tout pour lui, même le mépris de nombreuses personnes. Cynique et humoristique à souhait, le film est avant tout là pour nous dépeindre deux camps, et ce dès sa première séquence : l‘homme qui défend son patron contre celui qui défend l’opprimé. Lequel est le plus honnête ? Qui est plus habile que l’autre afin d’argumenter et convaincre son auditoire ? Laissent-ils le choix aux autres de croire ou non en leurs propos ? A une époque ou le tabac est victime d’une véritable chasse aux sorcières et ou les associations font tout leur possible pour l’interdire ou atténuer son pouvoir, il n’y a pas meilleur moyen pour introduire une réflexion sur les limites à avoir concernant le pouvoir de décision sur la population.

Outre la profession de lobbyiste qui nécessite une morale flexible et qui doit donc défendre le bon comme le méchant, c’est surtout du côté des gentils et donc des associations en particulier, qu’on émettra régulièrement des doutes. Ne succombent-ils pas à l’envie d’instrumentaliser leur propos pour se donner le bon rôle, ne vont-ils pas trop loin dans le but de « protéger » (supprimer les cigarettes dans les vieux films), quitte à empêcher les citoyens de réfléchir par eux-même ? Car après tout, un fumeur ne fume pas régulièrement avec un flingue sur la tempe, il sait très bien à quoi s’attendre et nous savons tout très bien les effets qu’ont les cigarettes sur notre organisme. A quoi bon placer des étiquettes « fumer tue » sur les paquets alors ? Cela empêchera t-il forcément les accros au tabac d’acheter leur paquet ? N’y a t-il pas là un simple intérêt personnel que de vouloir à tout prix crucifier l’industrie du tabac qui, soit dit en passant, donne du travail à probablement des millions de personnes dans le monde ?

Très manichéen, le film reste malgré tout assez simple et ne cherche pas trop non plus à choisir son camp, ce qui pourra en décevoir certains. Il sera même assez moralisateur, faisant passer la plupart de ses idées par le biais d’un père qui apprend la vie à son enfant. Malgré tout le film reste intéressant et suffisamment bien mis en scène pour nous prendre par la main. Avec son petit côté Fight Club et sa volonté de présenter les choses de manière humoristique, le film arrive à garder ce côté incorrect nécessaire grâce à quelques répliques bien senties. Le casting est véritablement excellent, Aaron Eckhart en première place grâce à son charme naturel ou encore grâce au personnage d’agent excentrique joué par Rob Lowe qu’on à pu voir également complètement jeté dans Californication.

Bref Thank Your For Smoking est une réussite. Un peu trop gentil par moment, on regrettera qu’il ne soit pas encore plus incisif mais il à le mérite d’amener à une réflexion nécessaire et simple qui ne nous fera pas regretter le voyage. Très hypocrite, le film est prenant de part son cynisme et son humour, nous permettant de rigoler d’un sujet de société sans forcément tomber dans la démagogie. Il est le parfait représentant d’une époque ou on veut tout contrôler par peur, par volonté de protéger, quitte à complètement ternir son propos initial. Rappelez-vous des affiches de Gainsbourg : Vie Héroïque ou de l’exposition Jacques Tati à la Cinémathèque. Tout cela ne va t-il pas trop loin ? Ces associations n’ont-elles pas trop d’influence ? Probablement, mais ça, il faut encore y réfléchir.
Florian_Bodin
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le 15 févr. 2013

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Florian Bodin

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