Frances, veuve désœuvrée et esseulée, décide de recueillir chez elle le jeune homme qu’elle aperçoit par sa fenêtre, dans le parc en face de chez elle, silhouette énigmatique prostrée sous une pluie froide et pénétrante.
A l’instar du magnifique "gens de la pluie" de Coppola, "That cold day in the park" fait partie de ces premiers films de futurs grands réalisateurs, typiques des années 70, qui sans montrer grand-chose racontent beaucoup.
Une espèce de tranche de vie bancale parfaitement révélatrice de son temps et de son lieu sans se départir, évidemment, de son caractère universel. Altman, encore loin des figures stylistiques qui rendront son œuvre parfois si particuliere, ce n’est que son deuxième "vrai" film après avoir beaucoup travaillé dans l’univers de la télé, pose un regard cru sur la laideur et le vide des intérieurs bourgeois (je parle bien entendu aussi bien des décorations d’appartements que des mentalités étriquées et mortifères de ceux qui les occupent).
Ce qui fonctionne particulièrement bien ici, ce sont ces personnages qui sortent des rôles dans lesquels on a le réflexe de les assigner. Le danger ne surgit pas de là où on l’attend. L’ambiguïté des rapports entre Frances et le jeune homme révèle une complexité à géométrie variable, bien loin des standards codifiés qui nous asphyxient si souvent d’ordinaire. Sans parler d’une fin qui n’est plus envisageable de nos jours.
Bref, un film conseillé à ceux qui aiment Altman, les films des années 70, les thrillers intimes et enfin et surtout, tout ceux qui aiment les bons films. Un "cœur de cible" somme toute assez large.