Oui ... bha oui ... et après ?!
Que je suis embêté ... vlà un film qui m'a coupé la chique mais que je ne peux décemment pas tailler. Ni encenser. Voire en parler ...
Je pose le décor: Nick Cheung retrouve Dante Lam après le magnifique Unbeatable dans un film ... dans un film que je vais avoir beaucoup de mal à décrire tant il est ... stérile ? Creux ? Niais ? Stupide ? Vain ? Les mots me manquent pour décrire ce courant d'air cinématographique.
Moi qui suis fanboy de Nick Cheung, j'ai été déçu de voir qu'il n'est pas la vedette du film, voire qu'il est à la limite de la figuration. Le vrai héros est ... la représentation humaine de la peur/démons intérieurs, incarné par un flic lâche et psychotique. L'histoire est celle ... ptin mais c'est quoi le but de ce truc ?
Le film oppose Nick Cheung en membre de triade ayant prêté serment aux démons et Daniel Wu en flic qui enfile son uniforme de policier pour oublier que c'est un trouillard. L'histoire se passe autour du sauvetage de Nick Cheung par Daniel Wu (qui ne sait pas qui est réellement Nick Cheung) avec une transfusion sanguine en urgence dans un hôpital. Le déroulement du film se passe avec les conséquences de ce sauvetage (Daniel Wu se sent responsables des morts que va donner Nick Cheung après son évasion de l'hôpital). La conclusion du film est une morale sur le mal qui habite tous les hommes.
Alors d'un point vue visuel, le film est très loin de casser des briques: il y'a des fusillades qui sont lisibles MAIS très loin d'être agréables ; les effet spéciaux (les hommes en flammes) sont furieusement ratés MAIS certains sont réussis ; la mise en scène générale est de bonne facture MAIS abuse de ralentis pour faire épique. Pour chaque qualité il y'a un défaut donc, tant et si bien que le film n'est ni bon ni mauvais du point de vue de la réal'.
Alors, si le film n'a pas une forme exemplaire ou ratée, se démarque-t-il sur le fond ?
Ben pas vraiment ...
Le message du film (qui sera la conclusion de la scène final, mais j'y reviendrai après) est un peu pourri par son cheminement et sa représentation. Nick Cheung incarne le type qui a embrassé ses démons intérieurs, il est montré dans l'intro en train de prêter serment (la scène m'a rappelé Election du reste, je sais pas pourquoi) ... et basta.
Daniel Wu à contrario va voir son personnage refouler ses démons intérieurs/peurs tout au long du film, et il faudra compter sur l'aide d'une flicette pour ce faire, et dont je me demande toujours comment un tel personnage a pu être parachuté de façon aussi incongru. En gros, Daniel Wu est renfermé, mais elle, sans jamais l'avoir vu et alors qu'elle est responsable de toute une garnison de policiers, elle va tout lâcher pour ne s'occuper QUE de lui (avec sa sœur qui est psychologue-hypnotiseuse).
Bon, le personnage de cette femme sort du diable vauvert , mais il fallait bien une ficelle pour expliquer l'introspection de Daniel Wu ... c'est mauvais, mais il en fallait une.
Le plus gros souci, peut être, est que pendant tout le film, les genres sont mélangés à foison: une enquête policière, un film de voyou, un film mystique pleine de fantômes/démons, un film psycho sur l'enfance malheureuse ... mais ça ne dérange pas pendant la majorité du film (1h30 sur les 1h50 environ).
Ou alors c'est la conclusion qui foire: pendant tout le film j'étais porté, ce n'était pas parfait mais j'acceptais ce que ça proposait, mais le final est tombé comme un cheveu plein de pellicules dans une soupe sans sel. Je ne vais pas spoiler, mais le final (dont le message est "le mal habite chacun de nous", d'où le titre logique du film) m'a fait dire "bha oui ... tu crois que tu parles à qui là ?".
Pour donner une idée, essayez de penser à un film qui veut vous prouver que violer des enfants c'est trop pas bien ... d'une part c'est une évidence qui n'a pas besoin d'être démontrée, de l'autre c'est dit d'une manière tellement infantile que tu demandes à qui s'adresse le film.
Alors si le propos du film est aussi une évidence, la façon dont c'est amené/conclu me laisse ... perplexe. Le film n'est clairement pas pour les enfants en bas âge (y'a des morts partout, du sang, de la violence ... bref) MAIS il n'est pas non plus pour les adultes (entre l'évidence du message et le coté simpliste de la démonstration ... dur de croire que c'est pas pour les gosses).
Ça m'ennuie de descendre le film alors qu'il a des qualités indéniables: Nick Cheung démontre encore une fois qu'il peut tout jouer, Daniel Wu incarne un type tordu qui plonge et se perd dans son moi intérieur, l'ambiance sonore est une petite perle qui m'a rappelé The Victim (film Thaïlandais dont j'ai déjà causé je crois) ...
Mais je ne peux pas l'encenser alors qu'il a des défauts de partout: son propos vain, sa démonstration infantile, son personnage de femme incongru ...
Vala, c'est ça ce film: un truc aux antipodes du bon film et du mauvais film, pile au milieu ...