Genre casse-gueule ayant pourtant donné lieu à quelques pépites comme le Creepshow de George A. Romero, l'anthologie horrifique revient à la mode depuis quelques années, notamment par le biais de petites productions comme VHS ou Theatre Bizarre. De son côté, The ABCs of death trouve son originalité dans sa construction en vingt-six segments d'une durée n'excédant pas dix minutes, chacun ayant la lourde tâche d'illustrer une façon plus ou moins atroce de mourir.
Comme pour tout exercice du genre, The ABCs of death souffre bien entendu d'une inconstance dans la qualité de ses sketchs, défaut récurrent ici accentué par le nombre conséquent d'histoires. Des récits qui ne volent pas haut en général, dont le but principal est de délivrer au spectateur sa dose d'hémoglobine et d'humour noir décalé.
Le budget alloué à chaque auteur étant plus que modeste (Ti West a sûrement du faire son film en deux heures pour un dollar, vu le résultat), la grande majorité des (très) courts-métrages réunis ici souffre d'une patine visuelle assez pauvre, voir dégueu, si l'on excepte une poignée de séquences comme celle réalisée par Hélène Cattet et Bruno Forzani, formellement sublime à défaut d'être réussie.
Si l'ensemble est donc peu probant et artificiel, certains artistes parviennent à tirer leur épingle du jeu, en premier lieu les asiatiques, offrant une dose de délires déviants et régressifs bienvenue. On retiendra également les excellents segment de Adam Wingard (une mise en abîme drôle mettant en scène ses difficultés face à l'obtention de la lettre Q), de Xavier Gens (une vision cauchemardesque du diktat de la mode), de Anders Morgenthaler (metteur en scène du percutant Princesse) et sa crotte animée récalcitrante ou encore celui entièrement conçu en patte à modeler.
Condamnée par son principe même d'anthologie à être inégale, The ABCs of death ne marquera pas forcément les esprits mais reste à voir pour son amusant concept et pour la folie d'une poignée de segments.