Il y a des films qui ne tiennent que par leur concept. Si ce dernier est bon, que l’univers déployé s’avère cohérent et que la narration est épurée, pour se concentrer sur un propos, alors ça passe. Mais bien souvent, il est vrai que les films qui proposent d’entrée un concept qui sur la durée ne porte pas ses fruits, et bien ils se ramassent assez vite. Ce n’est pas le cas pour ‘’The Aggression Scale’’, qui se présente comme une sorte de revenge movie efficace, et surprenamment divertissant.
Sans chercher minuit à 17h, le spectacle réjouissant que propose Steven C. Miller ne s’encombre pas de fioritures. À vrai dire, il ne s’embête pas avec grand-chose. C’est rapide, c’est vif, c’est intense, ça tape fort et ça laisse assez peu de temps à la réflexion. Cela n’est pas plus mal, puisque pour ce genre de cinéma, inutile d’en demander plus.
Sorte de croisement hybride et complètement déviant entre ‘’Home Alone’’, un film de mafia et un Teen movie, ‘’The Aggression Scale’’ propose un spectacle hyper violent, parfois dérangeant, surtout quand la violence en question s’exprime par le biais de figures adolescentes. Formant un étrange duo, une ado en crise doit s’allier avec son asocial demi-frère à tendance psychotique. Il ne pipe pas mots durant tous le métrage, en revanche, il se montre particulièrement efficace lorsqu’il s’agit de tuer du Bad Guy de sang-froid.
Le postulat se veut des plus simples : des hommes de main sont envoyés par un parrain miteux d’une mafia toute pourrave, pour récupérer 500 000 dollars. Ce prétexte sert bien entendu à justifier le bain de sang qui s’ensuit. Le métrage s’ouvre ainsi sur la mort d’un certain nombre de personnes, qui nous avertissent que les tueurs en question ne rigolent pas. Pour un demi-million de dollars, c’est un peu exagéré, mais c’est là d’ailleurs tout l‘intérêt de cette œuvre.
Il y a derrière cette violence, qui de prime abord peut sembler gratuite, une forme de réflexion sur la stupidité mercantile. Il paraît que dans certains cercles, des personnes estiment la valeur d’une vie humaine. Mais déjà, une pauvre âme pour 500 000 dollars, ça semble cher payé. Dès lors, ce que cherche à raconter le film est cette idée que pour peu de thunes, ça tourne quand même sacrément au vinaigre.
Bien qu’elle n’apparaît pas comme centrale, cette petite critique de l’American Way se perçoit lors de l’introduction de la famille, celle livrée aux tueurs durant la majeure partie du film. De façade, c’est une cellule familiale tout ce qu’il y a de plus lambda : un père sympa en manque d’autorité et une mère effacée, seconde épouse qui voit en ce mariage un moyen de s’élever socialement. Une adolescente en crise et un jeune ado visiblement mal dans sa peau, complètent ce tableau jusque là normal.
Puis, dès qu’il est possible de gratouiller ces archétypes, ils referment en fait toutes les limites de la famille américaine, qui ne demeure justement qu’une façade. Une fois que l’intrigue se met en place et que le vernis de cette famille modèle explose, la porte s’ouvre aux déviances plus violentes les unes que les autres.
Œuvre de genre totalement assumée, ‘’The Aggression Scale’’ reste dans sa catégorie sans chercher à se prétendre plus. Steven C. Miller semble avoir saisi le principal point d’une production horrifique réussie. Il consiste généralement à alimenter une critique, par le prisme de l’ultraviolence. Sur ce point, Miller remplit parfaitement son contrat.
Bien qu’il ne soit pas exempt de défauts, loin de là, il faut admettre que le film tire sa force d’une mise en scène nerveuse, plaisante et ingénieuse, voire même inventive par moment. C’est plus le manque de moyens évident qui limite les ambitions du métrage. Un budget modeste et peu de jours de tournage ne permettent pas de remplir les ambitions perceptibles du réalisateur.
Ne boudons cependant pas notre plaisir, car le film regorge de moments bourrins bienvenus, des plus jouissifs. Les mises à mort, surtout quand il s’agit des ‘’méchants’’, constituent de parfaits défouloirs. Mais pour autant, le récit n’épargne en rien les personnages principaux, qui, il faut le dire, prennent cher durant tout le métrage.
Au final, ‘’The Aggression Scale’’ c’est une petite production sympathique et généreuse, sans aucune prétention, emballée avec efficacité et passion. Les clins d’œil ne manquent pas, cependant, contrairement à ses deux premières réalisations, Steven C. Miller parvient à proposer un spectacle au-delà de ses influences, en se trouvant, enfin, un style plus personne qui lui sied parfaitement.
-Stork._