Ce Spiderman représente la dernière part du premier deal passé entre les différents ayants droits sur la franchise. Sam Raimi ayant jeté l'éponge après une trilogie dont la qualité devenait inversement proportionnelle aux sommes dépensées et au numéro accolé au titre du film, il a fallu trouver un autre réalisateur pour tourner cet opus. Spiderman 1 était une mise en bouche drôle et sympathique même si facile et un peu lourdingue vers la fin. Le 2e, qui a remporté les suffrages de la critique, accumulait pourtant les longueurs. Le dernier tome de cette trilogie ne mérite même pas qu'on en parle, hormis pour évoquer la sensation de perte insondable de temps que son visionnage procure, surtout si on a payé pour.
Du coup, c'est plein de méfiance que s'aborde ce reboot paresseux de l'homme araignée, surfant sans honte sur cette mode qui consiste à dépoussiérer de vieilles babioles autrefois reluisantes et de leur coller un nouveau visage, frais et bien dans son temps, en dépit du fait majeur que, pour Spiderman, le temps n'a même pas eu l'occasion de faire son effet nostalgique, tellement Spiderman demeure une série de films récents.
En guise de nouvelle gueule bien dans son temps, on retrouve un Peter Parker juvénile à souhait, tête à claques à ses heures, insupportable garnement sans charisme et héros qui se surestime beaucoup trop. Mais ce n'est, au final, pas vraiment important.
Lycéen égoïste, branleur inconséquent, Peter Parker (campé par Andrew Garfield, un type que vous avez surement aperçu ailleurs mais complètement oublié) dragouille une Gwen Stacy franchement pas farouche (la toujours charmante Emma Stone), tout en découvrant ses pouvoirs (un peu aberrants d'ailleurs) et en faisant le dur apprentissage de la vie que ne nous infligeait que le 2e film de la première trilogie.
Mais ici tout va plus vite. Les scénaristes n'ont pas le temps de nous servir des personnages profonds, mais ils ne s'embêtent pas non plus à jongler avec les scènes lourdes et longues et fades que supposent certains drames et passages incontournables de la mythologie de l'araignée rouge et bleue.
Pendant les deux heures presque et demi que dure ce Spiderman, on ne regarde pas sa montre, ça file à une vitesse folle, le vilain pète le feu (même si lui aussi accuse une sérieuse incohérence de conception) et le film nous offre le luxe de quelques scènes réellement impressionnantes, notamment lorsque Spidey tisse sa toile d'immeuble en immeuble. On jubile presque de ces passages ultra dynamiques, saisissants, envoutants, qui achèvent de rendre, malgré tous ses défauts, ce Spiderman sympathique. Oubliable, mais sympathique.