Sans nécessairement revenir sur l’élaboration précipitée et volontairement capitaliste du reboot de la série, le précédent volet de Spider-Man était sans conteste, à oublier, aussi bien pour le spectateur que ceux qui l’ont produit. Cherchant à s’éloigner de la direction prise par Sam Raimi dans la précédente trilogie, le résultat s’était avéré désastreux de par le manque flagrant d’audace, scénaristiquement et visuellement. Après une énorme campagne de promotion et une apparente volonté d’en faire toujours plus, qu’en est-il cette fois-ci ?
Il faut bien le dire, rien ne portait en faveur du projet : trois ennemis, des intrigues multiples et évidemment la volonté de continuer l’intrigue débutée dans le précédent volet. Des idées qu’on pourrait aisément dénommer de casse-gueule tant le scénario pourrait sombrer d’un moment à un autre dans la plus pure nanardise, ou tout simplement louper le coche. Pourtant c’est bel et bien sur ce point que le film surprend en premier lieu. Réussissant l’exploit de proposer deux intrigues principales pour ensuite additionner celles des bad guys, les auteurs – qui ne figurent pourtant pas parmi les meilleurs – ont réussit, malgré quelques facilités et incohérences, à proposer une vision bien plus proche que l’on pouvait se faire de cette nouvelle mouture de l’homme araignée. Parfois rafistolé, parfois riche de bonnes idées, l’intrigue laisse aussi bien un goût d’inachevé qu’un sentiment de volonté de proposer réellement quelque chose de nouveau. Une volonté qui ne fera sûrement pas que des émules étant donné qu’une telle intrigue implique de devoir passer outre une certaine complexité des caractères. On sera donc en face d’un résultat assez manichéen au final, mais pas dénué de plaisir pour autant.
Non, la vraie surprise se trouve ailleurs, et c’est d’ailleurs ici qu’on l’attend le plus. Quand Sam Raimi proposait une approche très personnelle, mêlant à la fois le réel et le fantastique, presque horrifique dirait-on, le précédent film de Marc Webb se trouvait lui complètement perdu entre son ambition visuelle plus "comic" et sa volonté d’être réaliste. Un film qui donnait le sentiment que le jeune réalisateur n’était sûrement pas encore apte à bien dominer son sujet et à le manier à sa guise. Aujourd’hui, il semble vouloir à tout prix nous montrer que oui, sa vision du héros s’est aiguisée, à telle point que le fossé entre les deux volets se trouve infini. Visuellement détonnant, proposant de vraies perspectives, de nouvelles idées et donc une différence, ce Spider-Man semble gonflé aux stéroïdes. Dans un style plus dessiné, plus surnaturel, Marc Webb nous surprend sans cesse dans cette vision beaucoup plus jeune, et aujourd’hui assumée, d’un héros qui auparavant semblait si vieillot. Car c’est bien là qu’on attendaient une réelle différence avec la précédente trilogie, dans son visuel, et que le jeune réalisateur arrive à imposer sa patte. Une vision qui dénote cette fois-ci d’un réel sens de la mise en scène tant le film semble hérité d’influences provenant des bandes dessinées.
Au final c’est donc une réelle surprise que ce nouveau volet de Spider-Man qui, pour le coup, mérite son patronyme. Pas dénué non plus de gros défauts, en particulier le travail de Hans Zimmer, de pire en pire, ou encore de carences scénaristiques ne laissant pas la possibilité aux personnages d’évoluer, ce volet s’assume enfin pleinement. Volontairement adolescent, il sera très probablement plus difficile de séduire les vieux briscards, mais il offre une vraie vision, divertissante et qui semble avoir énormément à revendre. 2h22 de divertissement pur, ni plus ni moins.
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