Le silence d'une salle de cinéma
'The artist', une expérience, celle du silence d'une salle de cinéma.
Les gobelets maxi format de pop-corns avaient comme de coutume droit d'entrée pour cette projection très particulière d'un film muet.
Ils ont très vite été laissés de côté...
Dès le début du film, des clins d'œil se multiplient sur l'absence de son (scène d'interrogatoire (parle !')), mais aussi l'inscription 'Silence behind the screen' portée derrière l'écran de projection... et devant l'écran réel, c'est également le silence qui s'est peu à peu imposé.
Un silence d'attention, bien sûr, mais également un silence respectueux des autres : pas un chuchotement, pas un sac plastique dans lequel on fouille, et, comme évoqué plus haut, les gobelets de pop-corn ont très vite été posés sur l'accoudoir, abandonnés.
Et lorsque cette scène de près de 30'' d'absence totale de son arrive, c'est une expérience marquante que de se trouver dans une salle de plusieurs de centaines de personne sans qu'un seul bruit n'y soit causé (sinon celui – lointain – de la circulation des avenues environnantes)...
Peut-être tout simplement le public a-t-il été ravi et envouté.
Par le jeu de Dujardin, d'une expression toujours aussi 'fraîche' (rires, bonne humeur communicative, mais aussi dans son jeu plus dramatique). Par celui bien sûr de la pétillante et touchante Bérénice Bejo.
Par la photographie très très bien construite : on apprécie particulièrement le soin porté aux graphismes et aux contrastes...
Par la richesse des idées et clins-d'oeils (scène de séduction avec le porte manteau, scène du monde qui tourne avec grand champ sur l'escalier, scène de découverte des objets vendus aux enchères et couverts de draps...).
Et enfin bien sûr, par la thématique abordée : celle de la place de l'homme dans un monde qui évolue plus vite que sa propre capacité d'adaptation... une thématique qui n'est bien sûr pas propre au début du XXème, et qui est toujours de plus en plus d'actualité.