Il est sensible, idéaliste, faible, intègre, possessif, éternel désolé, défausse chroniquement ses responsabilités, l’archétype de la victime condamnée à être piétinée par un système basé sur l’amoralité, l’argent, la combativité, la superficialité et l’esclavage consenti. Constamment recroquevillé, il ne tolère pas le mensonge, l’escroquerie mercantile, l’écrasement admis des Noirs, des pauvres, des femmes, mais n’ose rien. Un tel profil se prête au cercle vicieux comportemental qui fait que ce monde le plongera impitoyablement dans la spirale de l’échec permanent, de l’humiliation et de l’isolement.
Ratage et reniement de sa famille et de sa femme, auxquelles il s’acharne à supplier un peu d’attention, désastre évident dans sa vie de vendeur, échec de ses projets professionnels pourtant purs et novateurs, revers dans sa seule amitié qui préfère évidement ne pas se noyer avec lui. On assiste à la détresse, à la désespérance progressive et à l’inéluctable pétage de plomb d’une victime d’un monde qu’il personnifie au président Richard Nixon.
Libre interprétation de la vie de Samuel Byck avant qu’il ne commette une tentative de détournement d’avion en 1974 dans le but de le faire s’écraser sur la Maison-Blanche pour tuer Nixon. Sean Penn est une fois de plus scotchant, une fois de plus métamorphosé en un personnage encore différent, pathétique et puissant d’émotion, une fois de plus l’un des meilleurs acteurs du monde.