The Bacchus Lady (2016) - 죽여주는 여자 / 111 min
Réalisateur et scénariste : E J-yong - 이재용
Acteurs principaux : Youn Yuh-jung - 윤여정 ; Ahn Ah-joo – 안아주 ; Yoon Kye-sang -윤계상
Mots-clefs : Corée ; Prostitution ; Troisième age.
Le pitch :
So-young est une « Bacchus Lady ». La soixantaine passée, elle se prostitue dans un parc de Séoul. Avec l’âge, les clients se font plus rares et la relation qu'elle entretient avec ses habitués peut prendre une tournure inattendue. Un jour, elle recueille un enfant philippin dont la mère a été arrêtée par la police. Ne parvenant pas à communiquer avec l’enfant, qui ne parle pas un mot de coréen, So-young va tenter de retrouver sa mère.
Premières impressions :
La première chose qui m’a frappé lors de mes différents voyages en Corée du Sud, c’est le nombre de personnes âgées dans la misère. Où que l’on aille, on croise ces femmes et ces hommes âgés qui survivent en ramassant des déchets dans la rue, canettes et autres cartons, pour les revendre à la déchetterie du coin. Aujourd’hui les retraités qui ne peuvent pas être aidés par leurs familles ne touchent qu’entre 180 et 275 euros par mois et le pays affiche le plus fort taux de suicide des personnes âgées du monde.
Parmi toute cette misère, certaines femmes âgées continuent de faire le plus vieux métier du monde. On les appelle les « Bacchus Lady ». Elles abordent les clients, souvent des hommes âgés, en leur proposant des petites bouteilles de remontants. Bien entendu, personne n’est dupe et la prestation se fait dans des hôtels minables que les grand-mères louent à l’heure. Elles seraient environ quatre cent rien que dans l’arrondissement de Jongno.
De ce triste constat, E J-yong réalise un film magnifiquement humain. Immigration, vieillesse, suicide, prostitution, abandon des personnes âgées, femmes de réconforts, handicap, tourisme sexuel des hommes coréens ou encore transgenre sont autant de sujets, sans doute trop, qui sont traités dans Bacchus Lady**Texte en gras**, mais toujours avec beaucoup de subtilité et sans jamais tomber dans le misérable. D’ailleurs le réalisateur ancre son film dans le réel en tournant dans des quartiers comme Itaewon ou dans des parcs que l’on peut reconnaître immédiatement. Le message est clair : ces personnes existent et il faut les montrer car ce sont des gens normaux.
En effet, tout est fait pour ne pas marginaliser les personnages. Chacun d’entre eux est présenté comme une personne normale, avec ses vices et ses vertus, de sorte que tout le monde peut s’identifier à eux. Ainsi le film est parfois poignant, parfois drôle, souvent difficile. Je regrette hélas un peu la fin du film, trop dramatique à mon goût, avec un jeu un peu inégal des seconds rôles et une intrigue qui en rajoute trop.
En conclusion, Bacchus Lady est un film que je recommande pour le coup de projecteur qu’il met sur les exclus de la société coréenne. Je le recommande aussi pour la belle performance de Youn Yuh-jung (The Housemaid ; L’ivresse de l’argent) dans ce rôle de femme forte. C’est un film qui vous questionnera sûrement donc si vous avez juste envie d’éteindre votre cerveau, passez votre chemin. A contrario, si vous souhaitez voir une aventure humaine et que vous n’êtes pas sous prozac, je vous souhaite un bon film.