C'est l'histoire d'un semblant de cinéaste qui a un semblant d'idée :
- Hé, et si faisait un western ou on tuerait le héros au début, et qu'on faisait du sidekick, le minable qui l'accompagne, le protège, assure ses arrières, le vrai héros du film ?
Donc résumons l'idée : on tue John Wayne dès le début (mais comme Wayne est déjà mort on n'a qu'à le remplacer par Henry Fonda, zut il est mort aussi, bon ben il reste son fils Peter, hé oui je sais, grandeur et décadence mais que voulez vous, c'est l'époque qui veut çà).
Donc John T.Chance (c'est Wayne dans Rio Bravo, bande d'ignares) meurt et on confie la vedette à un vieillard boîteux (le Stumpy de Rio Bravo, génial Walter Brennan); l'ex poivrot repenti (Dean Martin dans Rio Bravo) et le jeunot gunslinger (Ricky Nelson).
Bref on s'emmerde pas, on recycle les 3 comparses de Wayne sauf qu'on en fait les (anti) héros d'une histoire fort peu crédible, très alambiquée et absolument et profondément illogique (que celui qui peut m'expliquer logiquement ce que sont devenus les soldats de la fusillade finale me contacte, il a gagné un Carambar).
Et puisqu'on en est au plagiat, on va tourner une scène de meurtre dans un saloon ou le sidekick du justicier va surveiller l'arrière de la boutique, une scène avec un crachoir comme signe de décadence alcoolisée d'un des héros, une autre avec un personnage qui rappelle au boiteux qu'il porte un chapeau, bref on va recycler entièrement Rio Bravo, en comptant sur l'inculture cinématographique du public.
Et on va faire mieux encore, on va prendre comme méchant un homme politique ami des vieux pionniers et beau parleur, bref le James Stewart de ''Liberty Valance'', mais en méchant, tu vois comme c'est original, car il a renoncé aux vraie valeurs de l'Ouest au profit de celles, corrompues du capitalisme et du chemin de fer. Comme dans il était une fois dans l'Ouest, putain qu'est ce qu'on est bon quand même, comme recycleurs !!
Il n'y a qu'un truc qui pêche dans cette histoire, c'est le personnage de la femme, cassante et obtuse, qui ne rappelle aucun personnage féminin d'un western antérieur. Cà, çà jette une ombre au tableau, d'autant plus qu'on a confié le rôle à la toujours excellente Kathy Baker qui du coup le rend intéressant. C'est ballot d'échouer de si peu à l'épreuve du repompage absolu.
C'est dommage car sans ce personnage, on était proche de l'insignifiant. J'ai lu dans d'autres critiques par ici que le film, esthétiquement faisait penser à un téléfilm de luxe. C'est tout à fait çà.
J'ai lu aussi une critique dithyrambique sur la beauté de la photo, de la lumière et tout çà. L'auteur, je le crains, confond la technique et l'esthétique, personnellement j'ai la flemme (et pas le talent) de lui expliquer la différence.
Par ailleurs on va imposer à tout çà un rythme de Sénateur, on va multiplier les digressions et les changements d'orientation et multiplier les incohérences. Comme çà on sera certains d'ennuyer le public, contrairement aux films à qui on aura volé toutes les idées.
Donc un western faussement original, faussement audacieux, et un cinéaste faussement talentueux. Bref un brouet bien fadasse (ce qui nous change agréablement du badass, très à la mode par les temps qui courent).