Un auto-hommage de la Shaw Brothers qui s'offre un remake des Disciples de Shaolin de Chang Cheh, s'octroyant au passage la présence de Ti Lung dans un second rôle et Liu Chia-liang aux chorégraphies (comme dans l'original). C'est Aaron Kwok qui a la lourde tâche de reprendre la flambeau d'Alexander Fu Sheng. La jeune vedette continue de se croire dans des un de ses vidéo-clips qui ont fait sa gloire et cabotine à outrance, étalant sans vergogne son sourire Colgate à chaque séquence. Certes son personnage est un jeune provincial naïf mais Aaron Kwok n'a pas l'air de s'être vraiment penché sur la psychologie de son rôle. C'est le gros point noir de ce film par ailleurs sympathique, sans être extraordinaire.
Il a l'avantage aujourd'hui d'avoir opté pour une direction old school alors que l'heure était à la modernité à Hong-Kong dans la renouveau du Wu Xia Pian : Tsui Hark avait livré ses Il était une fois en Chine, Sammo Hung Blade of Fury et l'année d'après on allait avoir Frères d'armes de Daniel Lee par exemple.
Johnnie To n'avais pas l'ambition de révolutionner le 7ème art et se contente d'une réalisation simple, fluide et sans style tape à l'œil ni démonstratif.
Comme dans ses films de cette période, il livre un film impersonnel, non dénué d'efficacité mais incapable de transcendé son scénario. Les 2 personnages féminins sont ainsi totalement sous exploités malgré des caractères qui auraient pu permettre d'offrir un peu de nouveauté (Maggie Cheung en propriétaire altruiste et pacifique et Jacqueline Wu en institutrice). C'est aussi le cas de la figure principale dont l'évolution est assez peu satisfaisante (mais la faute en incombe sans doute à l'ego de son comédien).
C'est évidément le toujours fringuant et classe Ti Lung qui s'impose sans problèmes malgré le peu de séquences qu'il possède au final.
Reste donc les combats de Liu Chia-liang qui n'a pas perdu de son talent et qui livres quelques chorégraphies enthousiasmantes même s'il faut reconnaître que les scènes d'actions ne sont pas si fréquentes et parfois un peu courtes. C'est le cas du final qu'on aurait bien aimé voir développé un peu plus, d'autant que la hargne et la violence des échanges tranchent avec la bonhommie du reste du film.
De plus le choix de tourner en 1.85 et non en scope amenuise un peu la lisibilité des combats avec une caméra un peu trop proche des intervenants. C'est dommage car pour le coup Aaron Kwok est d'un bon niveau (et les doublures sont bien gérés j'imagine).
Un honnête divertissement où l'on ne s'ennuie pas forcément mais qui demeure tout de même un peu frustrant à plusieurs titres.