Quelle étrange idée m'a pris un jour de vouloir voir ce film, c'était suite à une référence trouvée au gré de mes lectures, dans je ne sais plus quel roman qui vantait je ne sais plus quoi dans un film que je connaissais pas du tout et cela suffisamment pour titiller ma curiosité...
Une chose est certaine, ce n'est certainement pas comme précurseur de Batman que ce machin a pu me tenter, comme tout adulte normalement constitué, les aventures de ces bonhommes masqués en collant m'indiffèrent au plus haut point et je laisse aux adolescents dégénérés l'entière paternité de ce genre de perversion.
The Bat Whispers est la deuxième des trois adaptations de la pièce à succès The Bat qui raconte les aventures trépidantes d'un cambrioleur de haut vol accomplissant son oeuvre camouflé sous un costume de chauve-souris. Il y eut tout d'abord un film muet, déjà réalisé par Roland West et il y aura dans les années cinquante une autre version avec Vincent Price, Le Masque, sans même mentionner davantage la postérité inutile que Bob Kane donnera à ce mammifère nocturne.
Nous avons ici un mélange parfaitement improbable entre des scènes d'action menées de main de maître sous le regard d'une caméra virtuose et d'un aspect graphique absolument détonnant en 1930 et d'interminables scènes de théâtre filmé plus ou moins surréaliste avec un manoir délicieux et sa clique d'invités plus ou moins clandestins. Il y a des passages secrets à foison, un trésor caché, de mystérieux complots diaboliques et je suis à peu près certain d'avoir raté la moitié des enjeux fascinants de ce petit bijou du cinéma parallèle.
Au sein d'un casting de seconde zone, la figure glabre et austère de ce bon vieux Gustav von Seyffertitz illumine la pellicule et permet au spectateur taquin de pousser quelques petits cris d'effroi du meilleur aloi voire d'en faire un titre honteux pour sa critique, ce qui console un peu de la présence mollassonne de Chester Morris et d'une flopée de jeunes fadasses interchangeables que j'ai passé la séance à confondre.
Parfaitement déséquilibré et bisseux en diable, le film ne vaut guère que pour ses petites merveilles de jeux de lumière et son dynamisme fougueux dans les courses poursuites trépidantes, encore faut-il pour cela échapper à une récente version du film qui voit un barbare sans scrupules remanier complètement la bande son pour y imposer un synthétiseur aussi dégueulasse qu'anachronique, faisant passer le Metropolis de Moroder pour un sommet de respectueuse subtilité auditive.
Mais pour les heureux civilisés qui esquiveront ce massacre, le charme tout désuet de la chose fonctionne presque.