Road movie en territoire zombie
Il sort chaque année sur les écrans de cinéma ou directement en dvd des dizaines et des dizaines de films de zombies, très souvent de qualité plus que discutable. Pourtant, dans ce marché complètement saturé dans lequel il faut se farcir cinq sombres bouses pour tomber sur quelque chose qui tient la route, certains nous prouvent qu’il est encore possible de faire chose d’original sur le thème du mort vivant, où ce dernier n’est au final qu’accessoire et passe au deuxième voire au troisième plan. Ce film, c’est The Battery, réalisé par un certain Jeremy Gardner, qui avec un budget d’à peine 6000$ arrive à mettre en boite une bobine à la fois trash, drôle, et touchante.
6000$, c’est peu, et pourtant The Battery ne fleure à aucun moment l’amateurisme. Mieux, il se permet même d’aligner une mise en scène impeccable grâce à une photographie superbe et des scènes en plan séquence d’une grande puissance, accompagnée par un score qui nous met terriblement dans l’ambiance. Une ambiance post apocalyptique, de fin du monde, où l’humain n’a plus qu’un but dans la vie : survivre. Du coup, plutôt que de nous pondre des zombies par paquets de 50, et surtout à cause du budget ultra serré, le réalisateur préfère s’attarder sur notre duo de héros, deux personnages très attachants et surtout très différents, qui vont tant bien que mal essayer de survivre ensemble malgré leurs divergences d’idées. L’un sait que tout est fini et s’est rapidement habitué à ce nouveau monde hostile, l’autre plus naïf refuse de voir la réalité en face et croit toujours qu’il est possible de retrouver, dans une certaine mesure, son ancienne vie sédentaire.
Tout les oppose mais ils sont pourtant inséparables car ils n’ont pas le choix, c’est plus facile de survivre en duo. Le titre du film The Battery désigne d’ailleurs cela, Battery voulant à la fois dire une pile, très utilisée d’ailleurs au personnage de Mickey toujours affublé d’un baladeur sur les oreilles, qu’un duo. Désormais leur vie n’est que routes, forêts, bourlinguant de maisons vides en épaves de voitures, cherchant la moindre boite de conserve, pile, bouteille d’eau ou tout autre chose pouvant améliorer leur confort dans ce monde de solitude où l’humain est au final plus dangereux que le mort vivant bien plus facile à éviter, (c’est vrai, c’est con un zombie).
Le film tient plus du road movie que du film d’horreur, genre qu’il effleure au final à peine tant les zombies sont peu présents à l’écran. The Battery mise tout sur son ambiance, tantôt légère comme lors des échanges de baseball de nos deux héros, tantôt complètement oppressante lors du long final, mais toujours très travaillée, alternant scènes de dialogues très bien écrites et longs moments de silence. Certaines scènes sont tout simplement géniales comme le passage en huis-clos à l’intérieur d’une voiture. On sent réellement qu’un réel travail a été effectué et absolument rien n’est laissé au hasard.
Il est certain par contre que le rythme du film est des plus lents et que cela pourra rebuter la majorité des gens venus chercher ici du défouraillage de zombie, qui seront forcément très déçus. Mais The Battery sait tout de même se montrer trash, [ATTENTION SPOILER] plus particulièrement dans son humour comme lors de la scène où un de nos héros, enfermé dans sa voiture donc, va se tripoter le macaroni devant une jeune zombie au décolleté moulant se plaquant longuement sur la vitre. Une scène rarement voire jamais vue dans ce genre de film, mais pourtant ô combien réaliste car on peut dire ce que l’on veut, un homme reste un homme après tout non ?
The Battery est un film original sur bien des points et réussit à surprendre là où tant d’autres se contentent de donner au public ce qu’il est venu chercher sans jamais proposer quelque chose de différent. La preuve une fois de plus que de bonnes idées remplacent aisément des millions de dollars, chose qu’ont oublié depuis bien longtemps toutes les grosses maisons de production hollywoodiennes. Poétique et envoutant !