Ayant remporté la Mention spéciale et prix du public au Festival « Mauvais genre » de Tours, le Silver scream award à l’Amsterdam Fantastic Film Festival ainsi que le Grand Prix au Festival Razor Reel de Bruges, "The Battery" est le premier film de Jeremy Gardner. Tourné en 2 semaines avec une équipe de 6 personnes et un budget de 6000 dollars, il est la preuve filmée que le cinéma indépendant est, contrairement à la sphère des blockbusters, un cinéma vrai, fait avec les tripes, et où le savoir faire prévaux sur le budget.
A la vue de la jaquette on pourrait se dire qu'on va assister à un énième film de zombie, que ça va gicler du sang dans tous les coins, que des tronçonneuses vont ronronner... Mais dès la première scène on sait que ce film sera différent.
Le film se déroule en rase campagne, dans une Amérique apocalyptique envahie par des zombies. On suit Ben et Mickey (le réalisateur et le producteur du film), deux anciens joueurs de baseball qui se voit obliger de faire équipe alors que tout les oppose. Un message sur leur talkie-walkie va mettre leur équipe à rude épreuve.
A l'opposé des nanar zombiesques ultra cheap et misant sur le gore, ici le film s'attache à suivre l'histoire des deux protagonistes et relègue l'invasion de zombie en trame de fond. Oscillant entre scènes marrantes, scènes violentes ou scènes plus mélancoliques, l'oeuvre se balade sur des territoires dangereux où le retour aux sources se fait dans un Eden retranscrit au travers de magnifique plan de la nature.
Le discours du film tient dans les instants simples et essentiels (un lavage de dents, quelques pas de danse...) qui rajoute une vraie grâce à l'oeuvre et qui parviennent à cristalliser toute la mélancolie éprouvée par les héros.
De plus, on a vraiment l'impression que le manque de moyens est transformé en idée de mise en scène, à l'image de ce dernier acte absolument fabuleux et pourtant d'une simplicité folle, mais qui grâce au jeu d'acteur de Jeremy Gardner prend une tournure magique : on assiste à un huit-clos à l'intérieur d'une voiture se déroulant en un long plan séquence qui s'éternise encore et encore jusqu'à parvenir à crever l'écran et faire ressentir au spectacteur la solitude, le manque et enfin l'abdication.
"The Battery" serait un peu le résultat de la coucherie entre "Shaun Of The Dead" et "Bellflower". Un film contemplatif au milieu d'une campagne filmée sous filtres Instagram avec des zombies, de l'humour et une bande-son indé américaine absolument parfaite. Jeremy Gardner ce place directement aux côtés d'Evan Glodell en réalisant son premier film, premier chef d'oeuvre ET certainement l'un des meilleurs films de zombies de ces 10 dernières années (et au passage un de mes films préférés).