La grande Shaw Brothers qui a dominé le cinéma de Hong Kong dans les années 70 a aussi son lot de films assez obscurs ayant donné dans le kitch le plus total. Par exemple là, vous voyez, je sors de The Battle Wizard, et c’était juste fou. Réalisé par Pao Hsueh-Li, réalisateur très prolifique des années 70 / début 80 (37 films au compteur en 11 ans) qui a commencé aux côtés de Chang Cheh sur des films tels que The Boxer From Shantung (1972), The Water Margin (1972), Man of Iron (1972), The Pirate (1973) ou encore Iron Bodyguard (1973), The Battle Wizard nous balance sa bisserie en pleine tête en à peine 2min30 lorsque, après une légère scène érotique, un combat s’engage dans lequel un combattant va envoyer des rayons lasers avec son doigt, rayons qui vont découper proprement les jambes de son opposant, faux-sang couleur vermillon à l’appui. En à peine 2min30, je savais que j’allais passer un excellent moment sur ce film et jusqu’à la dernière seconde le sourire jusqu’aux oreilles, qui s’était immédiatement dessiné sur mon visage, n’est jamais parti. Comme quoi, on peut prendre du plaisir même sur un Shaw Brothers mineur.


Bien que le wu xia pian fantastique ait eu son heure de gloire au début des années 80, alors que la Shaw commençait à décliner, avec des titres tels que Buddh’as Palm, Holy Flame of the Martial World, Demon of the Lute, Portrait in Crystal ou encore Bastard Swordsman, il y en avait déjà à la fin des années 70 avec des titres comme The Web of Death (1976) de Chu Yan ou encore le The Battle Wizard qui nous intéresse aujourd’hui. Ce dernier est librement inspiré des premiers chapitres de l’énorme roman (presque 2000 pages) de Jin Yong « Demi-Gods and Semi-Devils. Mais ici, les aspects les plus sérieux et tragiques de l’histoire ont été laissés de côté au profits de moments délirants aux effets visuels un peu fous. The Battle Wizard est presque un cartoon live et il est clairement difficile de prendre le film au sérieux. Le film lui-même n’a d’ailleurs pas l’air de se prendre au sérieux et c’est ce qui le rend aussi fendard. La narration est un véritable fouillis, on ne comprend pas tout, mais le film se suit malgré tout dans aucun souci. Il s’articule autour de scènes d’action et de diverses références au folklore local, le tout ponctué de rebondissements histoire d’amener un peu de piquant à l’ensemble. The Battle Wizard n’est certainement pas un film pour les puristes des arts martiaux ou des wu xia pian sérieux comme la Shaw Brothers en a produit des tonnes, mais si vous aimez les divertissements énergiques, colorés, violents et barrés, alors comme moi vous devriez passer un moment assez savoureux car nous sommes ici devant une expérience rafraichissante pour qui aime les divertissements kitchs et un peu ringards. Le tout en 1h13 générique compris, avec un rythme qui devient rapidement frénétique et qui va nous amener vers un final complètement fou.


The Battle Wizard est un film très coloré, souvent psychédélique, avec plein de fumigènes de toutes les couleurs. Les décors studios de la Shaw Brothers sont à la fois très beaux et bien kitchs, un pur régal pour les amateurs. Et vont s’enchainer des idées complètements barrées donnant lieu à des scènes assez folles. Allez, pour l’amour de la blague, je vous fais une petite liste en vrac. Le méchant, qui s’est fait couper les jambes en début de film, revient 20 ans après avec des jambes en métal, extensibles, qui se finissent en pattes de poulet dotées de griffes. Ce dernier vit dans une grotte aux couleurs flashy avec un sbire à pinces de crabes et u dentier qui ne tient pas bien. La comparse du héros se bat en tirant des serpents avec sa main. Il y a un gorille qui fait du kung fu, des cracheurs de feu, des ninjas armés de fémurs qui tirent des lasers, un serpent géant éclairé au néon rouge dont on doit boire le sang pour acquérir des compétences qui font devenir invincible, … et bien d’autres joyeusetés. Et au milieu de tout ça, un Danny Lee tout jeune, seule réelle tête connue du film, qui œuvrait déjà depuis quelques années pour la Shaw Brothers (All Men are Brothers, Super Inframan, Oily Maniac, …). The Battle Wizard est souvent très imaginatif et frénétique comme s’il voulait palier au peu de caractérisation de ses personnages. Il préfère laisser la place à l’action, de très bonne tenue, avec des chorégraphies signées Tong Kai (directeur de scènes martiales sur pas moins de 193 films, dont beaucoup de Shaw Brothers majeurs), bien que ces chorégraphies soient souvent éclipsées par les effets spéciaux bien kitchs mais très réjouissants de l’époque.


The Battle Wizard est un wu xia pian fantasy psychédélique qui annonce la vague de films du genre du début des années 80. C’est surtout un divertissement très fun qu’on regarde avec un grand sourire aux lèvres 1h13 durant.


Critique originale avec images et anecdotes : https://www.darksidereviews.com/film-the-battle-wizard-de-pao-hsueh-li-1977/

cherycok
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le 4 oct. 2023

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